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cours de 117 francs n’a pas été conquis, mais celui de 116 francs a été à deux reprises perdu et n’a pu se maintenir hier sur la cote. Une lutte très vive est engagée entre haussiers et baissiers, lutte qui trouvera son dénoûment aujourd’hui dans le sort que la réponse des primes aura fait aux vendeurs. Les cours de nos fonds publics étaient au commencement du mois très élevés, puisque les deux 3 pour 100 ont pu être compensés à 83 et 83.15, et le 5 pour 100 à 110.25. La hausse avait été l’œuvre exclusive de la haute banque, qui pensait avec raison que le plus sûr moyen de soutenir les valeurs compromises par la guerre d’Egypte était d’imprimer une impulsion vigoureuse au marché des fonds d’état. La guerre finie, il n’y avait plus de raison de pousser le 5 pour 100 à de plus hauts prix, et les réalisations qui suivent habituellement le fait accompli se sont produites.

Tel a été le principal motif de la réaction, assez légère en fait, mais inattendue, qui a frappé les rentes françaises, aussi bien le 3 pour 100 ancien et l’amortissable que le 5 pour 100, sur lequel la spéculation était surtout engagée. D’autres causes ont contribué à faire prendre à notre place une attitude calme et réservée, en ce qui concerne tout au moins les rentes et la plupart des valeurs françaises.

Nous ne parlerons pas des bruits politiques mis tour à tour en circulation, complications possibles à l’extérieur, et au dedans éventualité de la démission du président ou de la dissolution de la chambre. Ces rumeurs n’ont affecté que dans une faible mesure les dispositions du marché. Il n’en a pas été de même des commentaires dont la prochaine discussion du budget a été l’objet et surtout des appréhensions relatives au resserrement de l’argent et aux difficultés monétaires.

Toutes les graves questions qui se rattachent à l’établissement du budget de 1883 ont été soulevées au moment où les affaires d’Egypte cessaient d’absorber l’attention publique. Ce budget est en l’air. Préparé à l’origine par M. Allain-Targé, il a été remanié de fond en comble par M. Léon Say. M. Tirard le soumet en ce moment à une révision. Sous sa dernière forme, ce document se présentait comme un budget de réparation. Il s’agissait de dissiper des illusions trop complaisamment entretenues sur l’élasticité des ressources du pays, de faire connaître toute la vérité sur l’état de nos finances et de démontrer à la chambre la nécessité d’enrayer le développement des crédits supplémentaires sous peine de marcher tout droit au déficit. C’est ce qu’avait voulu le dernier ministre des finances. Cette politique sera-t-elle également celle de son successeur? On prête à celui-ci l’intention de renoncer à telle ou telle combinaison très importante qui avait été reconnue indispensable pour assurer l’équilibre. En fait, rien ne prouve que ces craintes aient quelque fondement, et il est à peine supposable, malgré tout ce qui a été écrit cette semaine sur le déficit probable de l’exercice 1883, sans parler du déficit possible de 1882, que les ventes