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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 53.djvu/776

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l’alfa, avec lequel on fait notamment la pâte du papier, est excessivement répandu dans l’Afrique du Nord. L’alfa couvre, dit-on, les sept dixièmes du plateau de l’Algérie et n’est pas rare non plus en Tunisie. L’usage en est récent. De 1867 à 1877, en dix ans, on a exporté d’Algérie 400,000 tonnes de cette graminée, représentant une valeur de 50 millions de francs ; c’est là un fret de sortie excellent pour notre marine ; malheureusement, ce n’est pas la France qui emploie l’alfa, ce sont l’Angleterre et l’Espagne. De 1877 à 1880, en quatre ans, on a expédié d’Afrique en Europe 273,000 tonnes de cette précieuse plante, soit environ 70,000 tonnes par an ; mais 200,000 se sont dirigées vers l’Angleterre, 57,000 vers l’Espagne, 7,817 seulement vers la France, 5,057 vers le Portugal et 2,702 vers la Belgique. Singulier pays que le nôtre : les richesses que nous découvrons, nous sommes les derniers à les mettre en œuvre. L’alfa croît chez nous, et nous ne nous en servons guère plus que le Portugal : cependant, nous avons d’importantes fabriques de papier.

Ce n’est pas le fret de sortie qui manque à l’Algérie ; il y abonde. Elle a l’alfa, elle aura bientôt le vin commun, elle possède le fer, et du meilleur. À la fin de 1880, il n’y avait pas moins de trente-six mines concédées : quatre l’avaient été dans l’année même : on avait accordé en outre six autorisations de recherches et cinq prorogations de permis de recherches. La production des minerais de toute nature avait été de 644,000 tonnes, le nombre des ouvriers occupés s’élevait à 2,414. Qui ne connaît de nom la mine de Mokta-el-Hadid, située près de Bône ? Sa prospérité ne date que de dix ou douze ans, tellement il faut de travaux pour mettre en exploitation les gisemens les plus riches. Mokta-el-Hadid a maintenant une rivale dans la mine de la Tafna. Ce n’est pas malheureusement en France qu’affluent ces splendides minerais de fer algérien. La plus grande partie prend la route de l’Angleterre ou même des États-Unis. Des métallurgistes américains ont conclu, en 1881, avec la compagnie fusionnée de Mokta-el-Hadid et de la Tafna, un marché de 650,000 tonnes de minerai à fournir aux États-Unis en trois ans, 150,000 tonnes de Mokta et 500,000 de la Tafna. Cette prospérité minière ne paraît être qu’au début. Outre le fer, qui semble être singulièrement commun dans notre province d’Afrique, on croit avoir découvert du cuivre, du zinc et du plomb. On parlait même ces jours-ci de mines de houille.

Pour-mettre à profit toutes ces ressources de la nature, négligées pendant des siècles, les voies de communication sont indispensables. Les travaux publics en Algérie ont été conduits, surtout depuis quelques années, avec une intelligente activité. Ce n’est pas prochainement, à coup sûr, ce ne sera pas même dans cinquante ans, que sera achevé le réseau algérien de routes de terre ou de fer. Notre