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DANS LE MONDE




DERNIÈRE PARTIE[1].




XII.

Les deux hautes portes cochères peintes en vert sombre de l’hôtel Riva étaient closes, au contraire de ce qui avait lieu d’habitude le vendredi, jour de réception de la princesse, où, larges ouvertes pour l’entrée et la sortie des voitures, elles laissaient voir aux passans la grande cour sablée, pleine d’équipages, et le vaste perron dont les marches de pierre étaient sans cesse gravies et descendues par des pieds féminins, quelquefois un peu longs, mais presque toujours minces et de forme patricienne. — Le suisse, interrogé par Trémont, apprit au visiteur que la princesse avait tenu, la semaine précédente, ses dernières assises du vendredi, mais que, néanmoins, elle était chez elle, venant de rentrer.

L’hôtel Riva est célèbre dans toutes les capitales du monde civilisé ; il n’est guère de souverain en rupture de trône, ou de prince héritier voyageant pour son instruction ou son plaisir, qui n’y ait été reçu au milieu d’invités choisis ; on y mange, on y danse, on s’y décolleté en noble compagnie, quoique, là comme ailleurs, les infiltrations de l’argent dans la société s’accusent parfois en taches déplaisantes sur le fond aristocratique des réunions triées. C’est là que

  1. Voyez la Révue du 15 octobre et du 1er novembre.