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d’être utile à la grande industrie qui exploite les mines, en établissant le synchronisme des lits de charbon d’un bassin à l’autre et d’une région à une autre. C’est ainsi qu’il a réussi à débrouiller l’ordre relatif de superposition et les caractères distinctifs des divers étages carbonifères. Si maintenant nous tenons à connaître les résultats d’une recherche aussi féconde, nous devons agir tout d’abord comme M. Grand’Eury, qui devint botaniste par nécessité et exposer ce qui tient aux végétaux eux-mêmes, avant de passer aux conditions de milieu, ainsi qu’à l’aménagement physique des contrées habitées autrefois par ces végétaux. Nous verrons ensuite le problème du mode de formation se résoudre, pour ainsi dire de lui-même, les trois élémens générateurs une fois rigoureusement définis.


III.

Lorsque, interrogeant le passé au point de vue des plantes, on quitte l’homme pour remonter le cours des âges et considérer d’avant en arrière les modifications successives de la flore, on ne constate pas d’abord de bien grands changemens. Dans la période qui précède immédiatement l’apparition en Europe de la race humaine, on rencontre à peu près les mêmes arbres que maintenant : ce sont des chênes, des hêtres, des ormes, des tilleuls, des érables peu différens des nôtres. Plus loin pourtant, les formes végétales s’écartent graduellement de ce qu’elles sont de nos jours aux mêmes lieux ; il s’y joint des lauriers, puis des camphriers et d’autres arbres devenus exotiques. Les palmiers se montrent à un moment donné, et, à mesure que l’on poursuit cette marche rétrograde, on les voit se multiplier. Un âge vient où la végétation européenne n’est plus composée que de types à feuilles persistantes, indice de la chaleur croissante du climat. Cette végétation, sensiblement analogue à celle de l’Inde ou de l’Afrique subtropicale, se transforme encore sous les regards de l’observateur qui persiste à s’enfoncer dans le passé de notre continent. Les palmiers eux-mêmes disparaissent à leur tour ; les arbres à feuillage s’effacent, et, parvenu au sein des périodes secondaires, on ne trouve plus guère, en fait d’élémens végétaux, que trois catégories dominantes, constituant à elles seules toute la flore : des conifères, des cycadées et des fougères. Mais si l’on continue à marcher en arrière, aussitôt que l’on touche aux périodes paléozoïques dont le temps des houilles fait lui-même partie ; sur le seuil de cet âge et au moment d’y pénétrer, on voit enfin les conifères et avec elles les cycadées s’atténuer, puis s’évanouir ; les fougères, en revanche, grandissent en importance, et d’autres plantes absolument inconnues (ou du moins sans liens directs avec celles