L’examen de ce qu’il faudrait de matériaux accumulés pour convertir en un lit de houille assez mince une forêt ensevelie subitement par les eaux ou projetant peu à peu ses résidus sur le sol, conduit à des calculs désespérans, tellement il est nécessaire d’exagérer outre mesure l’un des facteurs, soit le temps, soit la masse des végétaux. Ceux-ci effectivement ne sauraient passer à l’état de houille qu’à l’aide d’une opération qui leur enlève une certaine portion de leur contenu charbonneux, mais à la condition que cette portion soit aussi faible que possible. Or la portion soustraite est d’autant plus considérable que le carbone du végétal se combine plus librement avec l’oxygène de l’air. De là la nécessité pour la houille, au moment où elle s’est formée, d’avoir été préalablement soustraite à l’influence atmosphérique. Une désagrégation lente, étouffée, poursuivie en dehors du contact de l’air, favorise la production des composés auxquels le terme de « matières ulmiques » a été appliqué. Dès lors, le carbone des végétaux, au lieu de se dissiper sous la forme d’acide carbonique, constitue une masse hydratée, désormais fixe. Une semblable condition matérielle n’a pas fait défaut lors de la formation des houilles ; mais il fallait encore la découvrir et en préciser la nature. Sans elle, c’est-à-dire en supposant que les débris des plantes houillères s’étaient consumés en dissipant à l’air libre la plus grande partie de leur carbone, on était bien forcé d’invoquer des durées invraisemblables, sans expliquer ni la fraîcheur de tant de fragmens, ni l’extrême régularité de leur ordre de superposition.
La stratigraphie sagement interrogée suffit pour faire connaître l’économie probable des terres à l’époque carbonifère. Envahis souvent et à plusieurs reprises par la mer, situés par conséquent dans le voisinage de celle-ci, les dépôts de houille n’en constituent pas moins une formation essentiellement terrestre, spéciale au sol émergé de la période, c’est-à-dire une terre ferme, mais récemment exondée. En Belgique, comme en Angleterre, les houilles reposent sur un fond marin qui leur sert de base et avec lequel elles alternent plusieurs fois. La mer s’est donc retirée pour leur faire place, en agrandissant chaque fois l’espace continental ; en un mot, les terres se sont étendues et c’est justement sur les parties que les eaux marines venaient d’abandonner que la végétation des houilles s’est développée. C’est là un fait dont la signification va de soi, et comme il se répète ailleurs, il acquiert la portée d’un véritable phénomène.
Dans la France centrale, les bassins houillers sont distribués autour d’une région primitive, très anciennement mise à sec ; ils constituent le long de ses limites extérieures une ceinture interrompue et doivent répondre à autant de lagunes plus ou moins