à plusieurs reprises et sur bien des points. Il a suffi soit d’une faible oscillation du sol, soit d’un changement dans la direction des eaux courantes, soit du ravinement de certaines falaises ou enfin de l’abaissement de certains obstacles, pour l’altérer et la détruire en substituant à l’apport des seuls résidus végétaux celui des sables, des limons ou des matières rocheuses triturées.
Nous pouvons l’affirmer tout de suite, pour ne plus avoir à y revenir, la principale raison d’être des lits de houille a dû dépendre de l’absence même sur les lieux du dépôt d’un véritable affluent, d’un cours d’eau en mouvement, à l’intérieur d’un bassin naturellement fermé et ayant au centre une dépression en forme de lagune. Dans ce cas, les débris seuls des végétaux ont été entraînés de tous côtés sous l’impulsion des eaux ruisselant sur le sol, le baignant sans le raviner, pour gagner le fond et aller aboutir à la lagune. Mais, dans le cas contraire, la sédimentation prenant un autre caractère, ce n’était plus des eaux pures servant de véhicule aux seuls résidus végétaux, mais des eaux bourbeuses, chargées de limon ou de sable, tendant à combler la lagune ou tout au moins à former de nouveaux lits d’une nature différente du précédent et destinés à le recouvrir. À chacun de ces changemens, le dépôt de la houille se trouvait interrompu pour faire place à un dépôt de grès, d’argile ou de calcaire plus ou moins pur, selon les cas, ou converti en feuillets schisteux parsemés d’empreintes végétales, lorsque aux fragmens de plantes ne se joignait qu’une assez faible proportion de matière limoneuse.
Telle est la véritable origine de ces alternances d’assises variées qui caractérisent constamment les mines de charbon et dont la connaissance permet aux ouvriers de suivre et de retrouver le filon productif en traversant pour l’atteindre les lits intermédiaires. À l’époque carbonifère, lorsque des eaux courantes se frayaient un passage à l’intérieur d’une région jusque-là fermée, leur effet le plus ordinaire devait être de refluer par-dessus les bords d’une lagune devenue insuffisante, d’en relever le niveau et de déposer la nouvelle assise « transgressivement, » c’est-à-dire au-delà du périmètre antérieurement occupé par le lit purement charbonneux. Les plans inclinés ainsi envahis et cette zone indécise tantôt mise à sec, tantôt comprise dans le domaine des eaux, qui servait de lisière à l’ancienne lagune, devaient alors se trouver submergés, tandis que, de leur côté, les pieds de végétaux demeurés en place se maintenaient dans une situation tolérable pour des plantes auxquelles le contact de l’eau n’était pas absolument nuisible. C’est là sans doute l’explication la plus naturelle de ces forêts fossiles, si souvent citées, dont la présence a rendu célèbre la carrière du Treuil, à Saint-Étienne, et dont M. Grand’Eury a si bien restitué le vrai caractère.