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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/928

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cette ville. Le conseil des anciens nomma alors le frère de Sadou, appelé Abdoul-Gadiri (Abd-el-Kader). Le premier soin du nouvel almamy fut de chercher à tirer vengeance des alfaia, dont la conduite avait révolté les Pouls. Il poursuivit, avec ses partisans, Almamy Abdoulaye, qui avait quitté Timbo pour se réfugier au Labé, l’atteignit à Quetiquia, près de la rivière Téné, dans la province de Colladé, et le tua de sa propre main.

Almamy Abdoul-Gadiri mourut de maladie à Timbo après un règne peu tourmenté. Il fut remplacé par son frère Almamy Yaya. Almamy Abdoulaye Bademba avait eu pour successeur Almamy Bou-Bakar. Le règne d’Almamy Yaya ne fut pas important. Il mourut de maladie à Timbo et eut pour successeur Almamy Hamadou, fils de Modi Amidou. Modi Amidou était le fils d’Almamy Sory Maoudo et, par conséquent, le frère d’Almamy Yaya.

Almamy Hamadou n’est resté au pouvoir que pendant trois mois et trois jours. Sa nomination avait eu lieu par surprise, et dans un grand et violent palabre les habitans de Timbo décidèrent que, Modi Amidou n’ayant pas été almamy, son fils ne pouvait l’être, d’après les coutumes des Pouls. Ils sommèrent Almamy Hamadou de quitter le pouvoir. Celui-ci refusa, s’échappa de la capitale et s’enfuit dans la direction de Socotoro. Rejoint par ses ennemis au-delà de Saréboval, il fut massacré sur les rives du Tiangol Fella, marigot qui coule au pied du monticule où se trouve le village de Donhol Fella.

Almamy Oumarou, fils d’Almamy Abdoul-Gadiri, un des chefs les plus aimés du Fouta et qui, depuis plusieurs années, s’était fait connaître par sa bravoure contre les infidèles et sa haine contre les alfaia, fut appelé au pouvoir comme chef des souria.

Oumarou ne prit, en réalité, le pouvoir qu’à la mort d’Almamy Bou-Bakar, qui arriva inopinément. Ses partisans avaient caché sa maladie. Mais, le soir même du décès il faisait son entrée dans la capitale et conviait son cousin Ibrahima Sory, fils de Bou-Bakar, à une réconciliation complète. Il convint de lui céder le pouvoir au bout de trois années. Ibrahima Sory prit le titre d’almamy et se retira au village de Dara, dans le voisinage de Timbo.

C’est sous le règne d’Almamy Bou-Bakar que le territoire de Dinguiray fut cédé à El-Hadj-Omar et appartint désormais à la famille du prophète toucouleur. D’après M. Lambert, El-Hadj-Omar aurait réussi à détacher du tronc national et de l’autorité de l’almamy un parti de Foulahs ou Pouls, connu sous le nom de Obous, qui, à la voix du faux prophète, auraient attaqué Timbo en 1859. C’est un marabout vénéré, appelé Modi Mamadou Djoué, qui a formé ce parti hostile aux habitans de Timbo, et non le fameux guerrier toucouleur.