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de la gymnastique. Le récit se lit aisément, couramment, mais il se termine d’une façon un peu bien tragique. Je ferai de plus remarquer à l’auteur que ses héros parlent d’ordinaire un langage d’un ou deux ans plus âgé qu’ils ne sont eux-mêmes. — Si M. André Laurie semble voir parfois dans la gymnastique le fonds même de l’éducation, c’est dans la lecture à voix haute que M. Legouvé en a posé la base[1]. J’admire ce que M. Legouvé a su découvrir de choses dans l’art de la lecture ! Non pas sans doute que de bien lire soit une chose à mépriser, mais je crains que M. Legouvé ne prenne trop souvent l’effet pour la cause, et réciproquement. Il suppose ce qui est en question, et il raisonne d’un art de la lecture qui conduirait à l’intelligence des textes, tandis que c’est l’intelligence des textes qu’il faut avoir d’abord et l’art de la lecture qui vient ensuite. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas moins dans ce volume de fort bonnes pages de critiqua littéraire, habilement mises en scène ; et que d’ailleurs on en retire ou non pour apprendre à lire le profit que croit M. Legouvé, le fait est qu’elles y sont. Tous ces livres sont des publications de la librairie Hetzel. Ne nous sera-t-il permis de regretter en deux mots que Stahl n’y soit point représenté cette année ?

Il ne me reste plus qu’à dire quelques mots de ces nombreuses publications, — livres, albums, journaux même, — à l’adresse de la jeunesse, mais auparavant je voudrais signaler dans un rang à part et hors cadre un ouvrage qu’aussi bien je n’ai pu placer nulle part : c’est le Paris à cheval[2], signé du pseudonyme de Crafty. M. Gustave Droz y a mis une courte préface dont nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les termes. S’il lui semble que les croquis du dessinateur ont parfois à la sûreté d’un Carle Vernet, » c’est un éloge où nous ne pouvons que souscrire, et quand il ajoute que le texte de l’humoriste « sent la causerie délicate d’un homme bien élevé, » c’est un juste compliment que nous avons plaisir à transcrire. Quiconque a seulement feuilleté quelquefois la Vie parisienne y avait depuis longtemps remarqué ces croquis élégans, malicieux et vivans, voisins de la caricature et cependant n’y tombant jamais, comme ce texte dont l’allure était aussi fringante que celle des dessins qu’il soulignait. Texte et dessins, réunis en un beau volume, si je n’avais peur, vu l’emploi que l’on a fait du mot, d’effaroucher l’artiste et l’écrivain, je m’engagerais qu’ils demeureront comme un document précieux pour les historiens à venir du Paris contemporain.

Si j’avais reçu le don de rimer, c’est en triolets que j’essaierais de compter les mérites ou défauts respectifs des trois journaux qui se disputent la faveur de la jeunesse : le Journal de la jeunesse, que publie

  1. La Lecture en famille, par M. Ernest Legouvé, de l’Académie française, 1 vol. in-8o ; Hetzel.
  2. Paris à cheval. Texte et dessins par Crafty, 1 vol. in-8o ; E. Plon.