M. Daubrée montre qu’il peut aussi être engendré par voie humide. Notons que ce résultat curieux avait été prévu par les géologues, d’après l’examen des gisemens du minéral ; l’observation avait devancé l’expérimentation.
La période scientifique mémorable dont l’histoire vient d’être esquissée se termine en 1852. À cette date, Ebelmen et Durocher ont disparu, Sénarmont a interrompu ses travaux. Jusqu’en 1858, le mouvement languit ; mais alors Henri Sainte-Claire Deville, qui jusqu’alors s’était occupé exclusivement de chimie pure, ranime les recherches de synthèse minérale et bientôt en prend la direction. Avant de relater les modes opératoires qu’il a mis en usage et les résultats qui en ont été le fruit, je veux essayer de donner une idée du génie sympathique de cet homme éminent ; j’espère ainsi faire comprendre l’influence considérable qu’il a exercée durant sa vie et la profondeur du sillon creusé par lui dans le domaine scientifique spécial qui nous intéresse.
Quand il a commencé ses premiers travaux, la chimie minérale semblait explorée dans ses parties essentielles ; on croyait qu’il n’y restait plus à faire que des trouvailles d’ordre secondaire. Telle n’était pas son opinion, et, à l’appui de sa manière de voir, il citait à ceux qui développaient devant lui ces réflexions décourageantes une foule de questions dont l’examen ne pouvait manquer d’être fructueux. Jamais il n’éprouvait le moindre embarras pour indiquer un sujet de travail intéressant, et, chose remarquable, ceux qui, guidés par ses conseils, entreprenaient une série de recherches se sentaient bientôt capables de marcher seuls au sortir de sa vaillante main. Un essai commencé lui fournissait aussitôt des élémens de travail nouveaux ; des aperçus lumineux jaillissaient comme des éclairs de ses moindres réflexions et venaient surprendre ceux qui l’entouraient. Personne ne l’a surpassé dans l’art des manipulations ; il était d’une habileté incomparable. À la fois audacieux et prudent, il entreprenait des expériences qu’un esprit timide aurait à peine conçues et les menait à bonne fin, et pourtant il est loin d’avoir effectué tous les projets de travail dont il avait dressé le plan et pressenti les résultats. En vain, durant quarante ans, il s’est livré à un labeur incessant ; en vain, il s’est associé des collaborateurs zélés ; ses projets d’expérience n’ont été réalisés qu’à demi. Cette riche organisation, animée des dons les plus brillans de l’esprit, semblait formée pour les agitations de la vie mondaine ; cependant elle a choisi pour asile l’enceinte d’un laboratoire, mais dans cet étroit espace quelle exubérance de vie elle a manifestée ! Chaque jour y a été signalé par la découverte ou la vérification de quelque fait scientifique important ; autour du maître vénéré régnait un