Le roi des animaux, ce n’est pas le lion : c’est l’homme. Tel est, en effet, le titre que l’homme s’est donné à lui-même, et à bon droit, ce semble. Il a même imaginé un règne spécial qu’il a appelé le règne humain. Nous allons examiner jusqu’à quel point cette prétention à l’empire est justifiée ou chimérique, et dans quelles limites elle peut et doit s’exercer.
Au milieu du XVIe siècle, un naturaliste français qui avait beaucoup voyagé, beaucoup étudié, beaucoup réfléchi, Petrus Bellonius, Pierre Belon (du Mans) de son vrai nom, eut une idée géniale[1]. Après avoir dessiné le squelette de l’homme, il plaça en face le squelette d’un oiseau, compara le crâne de l’un au crâne de l’autre, les membres de l’un aux membres de l’autre, et démontra, par le dessin plus encore que par le texte explicatif, que c’étaient mêmes os et même conformation générale. « L’affinité est grande des uns aux autres, dit-il, et la comparaison du portraict des os humains montre combien le portraict des os de l’oyseau en est prochain. »
Ainsi, qu’il s’agisse de l’oiseau ou de l’homme, c’est un même type, une même organisation. Entre l’ossature d’un homme et l’ossature d’un oiseau il est des différences, mais il n’est pas de dissemblance essentielle.
- ↑ L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts, retirée du naturel. Paris, 1555, in-f°.