transfusion du sang. Un moribond renaît si l’on injecte dans ses veines du sang de mouton ou du sang de veau. Il y a donc une bien étonnante analogie entre le sang de l’homme et le sang du veau, puisque le sang de veau peut, dans l’organisme humain, fonctionner comme du sang d’homme. D’ailleurs les chimistes n’ont pas pu constater de différence, et le microscope lui-même est presque impuissant à faire de distinction. Les médecins légistes m’ont pas encore trouvé de méthode précise qui leur permette de dire avec certitude si tel linge taché de sang a été maculé par du sang humain ou par du sang d’un autre animal.
Cœur, poumon, foie, estomac, sang, œil, nerfs, muscles, squelette, tout est analogue chez l’homme et les autres vertébrés. Il y a moins de différence entre un homme et un chien qu’entre un chien et un crocodile ; il y a moins de différence entre un homme et un crocodile qu’entre un crocodile et un papillon.
Les découvertes des naturalistes établissent sur des bases chaque jour plus solides cette vérité profonde qu’Aristote, le grand maître ès choses de la nature, avait si bien exprimée : Nature ne fait point de saults. De perpétuelles transitions sont entre tous les êtres divans. De l’homme au singe, du singe au chien, du chien à l’oiseau, de l’oiseau au reptile, du reptile au poisson, au mollusque, au ver, à l’être le plus infime placé aux dernières limites du monde organique et du monde inanimé, nul passage brusque. C’est toujours une dégradation insensible. Tous les êtres se touchent, formant une chaîne de vie qui ne paraît interrompue que par suite de notre ignorance des formes éteintes ou disparues.
Dans cette hiérarchie des êtres, l’homme s’est donné le premier rang, il est au premier rang, soit ; mais il n’est pas hors rang. Par les fonctions comme par la structurale ses organes, l’homme est animal aussi bien cpie le ver ou l’oiseau. Non-seulement il est impossible de faire de l’homme, dans le règne animal, un être à part, mais encore, entre les animaux et les végétaux, on ne peut préciser la limite : on ne peut plus retrouver la démarcation profonde à laquelle on croyait jadis comme à un article de foi. Certes le bon sens vulgaire distinguera dès l’abord un chêne, qui est une plante, d’un chien, qui est un animal. Mais si l’on veut aller plus loin, de manière à atteindre tes dernières limites de la vie, et examiner des êtres moins proches de nous que le chien ou la tortue, on ne trouvera plus de caractères qui soient propres à l’animal et qui manquent à la plante. Car, d’une part, il est des plantes, comme les algues, qui se reproduisent au moyen de corpuscules très agiles, et, d’autre part, il est des animaux, qui, pendant presque toute la durée de leur existence, restent immobiles, insensibles en apparence, n’ayant même pas, comme