éclat de l’intelligence des animaux ont été cités trop souvent et dans trop de livres pour que nous exposions ici les nombreuses anecdotes qu’on peut raconter à cet égard.
Comme l’homme, l’animal est intelligent, mais à un degré inférieur. Ce n’est pas la qualité qui diffère, c’est la quantité. Le cerveau de l’animal est petit, et son intelligence est petite ; le cerveau de l’homme est grand et son intelligence est grande. Voilà toute la différence.
Le fait d’être très intelligent est un caractère particulier, aussi bien que le fait d’avoir la vue très perçante ou l’odorat très fin. Quelle valeur peuvent avoir, pour une classification, pareils caractères ? Le chien, par exemple, a un odorat développé à ce point que nous ne pouvons guère le comparer à notre grossier odorat. Nous avons peine à comprendre qu’un épagneul puisse, dans une prairie, sentir sur les betteraves ou les luzernes les émanations d’un lièvre qui a passé par là il y a deux heures. Mais cette extrême finesse de l’odorat ne fera jamais classer le chien hors rang ; et il en serait encore ainsi, même si les autres animaux étaient dépourvus d’odorat. Pareillement l’extrême intelligence de l’homme ne peut servir à classer l’homme hors rang, à supposer même que les autres animaux soient totalement dépourvus d’intelligence.
Ne parlons que pour mémoire d’un autre caractère qui a été donné, à savoir la croyance à une seconde vie et à l’immortalité de l’âme. En effet, chez bien des peuples, même très avancés en évolution, il n’existe aucune trace de la croyance à l’âme immortelle. Les Juifs, par exemple, qui forment certainement une des races supérieures de l’humanité, n’admettent que depuis une époque relativement moderne l’existence d’une seconde vie. Nulle part, dans les première livres de la Bible, on ne trouve notion de l’âme immortelle. Faut-il donc excepter les Juifs du règne humain, parce qu’ils n’avaient pas conçu cette idée, venue de l’Egypte, que l’homme se survit à lui-même, et que l’âme n’est pas anéantie quand le corps cesse de se mouvoir ?
Tous ces caractères de classification par les idées intellectuelles sont mauvais, douteux et insuffisant On ne peut établir de bonne classification que d’après les caractères tirés de la forme générale des organes. Quoi qu’on fasse, il sera toujours impossible de prendre une fonction pour base d’une classification zoologique. C’est par la forme des organes, et non par le rôle qu’ils jouent qu’on fait des classes et des espèces. Les deux sciences qui me sont le plus chères, la physiologie et la psychologie, dont je n’aurais garde de médire, ont toujours été de mauvais guides pour le zoologiste. En fait de classification, l’anatomie doit avoir le premier et le dernier mot.
Reste maintenant le dernier argument qu’on allègue en faveur