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rendre compte de la façon dont sont gérées leurs affaires, se doutaient bien que les chemins de fer, les canaux, les écoles, les chemins vicinaux et le reste devaient coûter gros et que le tout allait aboutir à une formidable carte à payer. Quant à la masse des contribuables, voyant que les impôts n’étaient pas augmentés et que même quelques taxes avaient été diminuées, confiante dans les plus-values qui s’étaient produites au règlement des précédens budgets, rassurée par le bénéfice que devait procurer un jour ou l’autre la conversion de la rente 5 pour 100, elle assistait sans trop s’émouvoir à ces votes non interrompus de travaux et de dépenses que chaque session accumulait sur l’avenir. La discussion du budget de 1883 lui a donné l’éveil.

Il n’est pas à regretter que l’opinion publique se soit enfin décidée à prendre quelque souci d’une situation dont les exigences et les périls appellent de prompts remèdes. Si les embarras financiers proviennent de causes multiples, il est certain que la question des chemins de fer y contribue pour la plus grande part, non-seulement à cause des dépenses énormes de capital que doit entraîner l’exécution du programme de travaux tracé en 1878, mais aussi parce que l’incertitude qui règne encore quant au régime de l’exploitation menace les budgets futurs d’une perte annuelle très considérable. Tant qu’une décision ne sera point arrêtée sur le mode de construction et d’exploitation des nouveaux chemins de fer, il demeurera absolument impossible de dresser un budget régulier, sans compter que les progrès et le crédit des anciennes compagnies seront tenus en échec par les discussions prolongées dans lesquelles l’existence même de ces grandes entreprises se voit menacée. De là l’importance capitale que les commissions du budget et les orateurs financiers dans les deux chambres ont eu raison d’accorder à cette question des chemins de fer. Pour nous, sans revenir sur les principes ni sur les argumens exposés déjà dans de nombreuses études, il nous paraît utile de relever, à la suite des débats du parlement, les chiffres, les reformations officielles, les propositions et les tendances qui sont de nature à préparer et à éclairer la décision finale. Bien que la discussion du budget de 1883 ait laissé toutes choses en suspens, — sauf pourtant les crédits qui courent par centaines de millions, — elle a découvert des embarras plus ou moins voilés jusqu’ici et provoqué des déclarations qui démontrent l’absolue nécessité d’en finir, sans plus de retard, avec le problème des chemins de fer.

Au point où en est arrivé le débat, après tant de controverses, d’expédiens et d’avortemens, l’étude critique et pratique de ce problème peut désormais se concentrer sur deux questions