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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/922

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REVUE LITTERAIRE

L’Evangéliste, roman parisien, par M. Alphonse Daudet, Paris, 1883 ; Dentu.

Quand un chroniqueur parisien, « avec la franchise qui lui est propre, » n’aurait pas cru de voir nous informer que l’idée de l’Evangéliste était venue comme à la traverse d’une autre idée de roman que poursuivait l’auteur, c’est sans doute à nous beaucoup de présomption, mais pourtant il nous semble que nous l’aurions tout de même deviné. Il y a des traces manifestes, je ne puis ni ne veux dire d’improvisation, — car le mot emporterait une velléité de reproche que je n’ai garde d’y mettre, et l’on va voir pourquoi, — mais à tout le moins des traces de rapidité de composition dans ce roman de l’Evangéliste. Et comme on reconnaît à de certaines marques qu’un édifice vient à peine d’être débarrassé de son échafaudage, c’est à peu près ainsi que l’on pourrait montrer, engagées encore et involontairement oubliées dans le récit de M. Daudet, des notes qui certainement, dans la pensée de M. Daudet lui-même, ne devaient servir qu’à préparer le récit et lui donner cette solidité sans laquelle, en effet, il n’y a pas de bon roman de mœurs. Et je le ferais en toute autre occasion. Seulement ce n’en est pas ici le lieu, puisqu’au total, s’il est bien demeuré dans l’œuvre quelque chose d’obscur, par endroits, et d’inexpliqué, d’indiqué plutôt que de poussé, d’esquissé plutôt que d’achevé, cependant je n’hésite pas à croire qu’en elle-même, à cette rapidité relative de la composition, l’œuvre a beaucoup plus gagné qu’elle n’a perdu. S’il n’est pas vrai,