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de la spéculation en parlant emprunt et conversion. Ces mots n’avaient pas été prononcés depuis longtemps à la Bourse. Comment la situation politique aurait-elle comporté, non pas la conversion, mais seulement un emprunt? La situation s’est modifiée, et puisque de longs jours sont promis au cabinet Ferry, pourquoi, disent à leur tour les vendeurs, M. Tirard ne se déciderait-il pas à profiter de l’accumulation constatée de l’épargne pour émettre 1 milliard en rente amortissable? et pourquoi ne grefferait-il sur cette opération la conversion du 5 pour 100, que tout le monde attend depuis si longtemps et qui peut se décréter en vingt-quatre heures? Les acheteurs ont hésité un moment, puis ont passé outre. Un emprunt fait dans de bonnes conditions financières et politiques n’est pas un motif de baisse ; quant à la conversion, il a bien paru que son jour n’était pas encore venu.

En réalité donc, la hausse n’a plus rencontré d’obstacle dans les événemens et les rachats du découvert ont contribué à précipiter le mouvement, tant sur les valeurs que sur les rentes.

Le 5 pour 100 avait à peu près seul progressé au début du mois; il avait moins à gagner dans les deux dernières semaines. Depuis le 15, nous le voyons en reprise de 50 centimes à 115.40. Mais sur les deux 3 pour 100, la différence est de plus de 1 franc. La rente ancienne a été portée de 79.17 à 80.70 et l’amortissable de 79.92 à 81.25, soit une avance de 1 fr. 53 sur l’une et de 1 fr. 33 sur l’autre.

Les titres des sociétés de crédit ont été très recherchés et bénéficient tous d’une importante amélioration. Même la Banque de France, malgré la diminution du taux de l’escompte, a monté de 100 francs à 5,280. Sur le Crédit foncier la hausse ne s’est produite que dans les derniers jours. Il était difficile que les actions ne profitassent pas du succès complet de la campagne entreprise contre le découvert par la direction de cet établissement. De 1,240 elles se sont élevées à 1,325 et se rapprocheront vraisemblablement du cours de 1,400 francs. La seconde série des nouvelles obligations foncières 3 pour 100 a été admise à la cote ; ces titres se tiennent à 340 francs, soit à 10 francs au-dessus du prix d’émission.

La Banque de Paris, que des ventes fort imprudentes avaient, par suite de l’absence momentanée de contre-partie, fait fléchir aux environs de 900 francs, a reconquis en quelques bourses le cours rond de 1,000 francs et trouve aisément acheteur à 1,035 francs. Si, comme tout l’indique, la hausse domine en mars comme elle a prévalu en février, la Banque de Paris devra s’établir de nouveau à 1,100 francs.

La Société générale a monté de 20 francs à 587, la Banque Franco-Égyptienne de 40 francs à 605, le Crédit lyonnais de 30 francs à 580. L’assemblée générale de cet établissement est convoquée pour le 6 mars. Le rapport des commissaires jette un peu de lumière sur la