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UN MANIFESTE
DE
POLITIQUE LIBÉRALE

Dieu, Patrie, Liberté, par M. Jules Simon, 1 vol. ; Paris, 1883, Calmann Lévy.

« Nous sommes dans le parlement, dit M. Jules Simon au début de son nouveau livre, une trentaine, peut-être un peu plus, qui, très peu soucieux de nous charger des premiers rôles, très partisans de la discipline quand elle est nécessaire, très disposés à recevoir l’impulsion de nos amis politiques plus militans, avons été obligés, par notre raison et notre conscience, et aussi par fidélité à notre passé, de nous séparer d’eux momentanément, à l’occasion de la loi sur l’enseignement supérieur. » Ce petit groupe parlementaire, au nom duquel M. Jules Simon adresse à l’opinion publique un éloquent manifeste, est ce qui reste aujourd’hui d’un grand parti qui, à plusieurs reprises, dans les crises les plus graves de notre histoire contemporaine, a eu une influence décisive sur les destinées de la patrie. Il représente ce parti de libéralisme modéré qui a joué le principal rôle dans la phase la meilleure, mais malheureusement la moins durable, de nos révolutions successives, en 1789, en 1830, en 1848, en 1871. M. Jules Simon est aujourd’hui, après la disparition de M. Thiers et de M. Dufaure, la personnification la plus brillante et la plus complète de ce parti du « centre gauche, » pour lui donner son nom historique[1]. Il en a, au degré le plus éminent,

  1. On objectera peut-être que M. Jules Simon n’a jamais appartenu aux groupes parlementaires qui ont pris le nom de centre gauche, et qu’il a publié un livre sous le nom de Politique radicale. Ce n’est pas l’inscription de son nom dans tel ou tel groupe qui classe en homme politique parmi les modérés ou les extrêmes : c’est son caractère et l’ensemble de ses actes. Quant à l’épithète de radical, elle n’était sous l’empire que l’équivalent, imposé par la légalité, de celle de républicain.