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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 56.djvu/68

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la quotité disponible au dixième en ligne directe et au sixième en ligne collatérale; nous défendons de rien donner aux personnes dont le revenu excède 1,000 quintaux de blé; nous établissons l’adoption, « institution admirable » et républicaine par essence, a puisqu’elle amène sans crise la division des grandes propriétés. » Déjà, dans la Législative, un député disait que « l’égalité des droits ne peut se soutenir que par une tendance continuelle vers le rapprochement des fortunes[1]. » Nous avons pourvu à cela dans le présent, et nous y pourvoyons aussi dans l’avenir. Il ne restera rien des énormes excroissances qui suçaient la sève de la plante humaine; en quelques coups brusques, nous les avons amputées, et la machine lente que nous installons à demeure en rasera les dernières fibres, si elles parviennent à repousser.


VI.

Par cette restauration de l’homme naturel, nous avons préparé l’avènement de l’homme social. Il s’agit maintenant de former le citoyen, et cela n’est possible que par le nivellement des conditions. Dans une société bien constituée, « il ne faut ni riches ni pauvres[2]. » Nous avons déjà détruit l’opulence qui corrompt; il nous reste à supprimer l’indigence qui dégrade. Sous la tyrannie des choses, aussi lourde que la tyrannie des hommes, l’homme tombe au-dessous de lui-même; on ne fera jamais un citoyen d’un malheureux condamné à demeurer valet, mercenaire ou mendiant, à ne songer qu’à soi et à sa subsistance quotidienne, à solliciter vainement de l’ouvrage, à peiner douze heures par jour sur un métier machinal, à vivre en bête de somme et à mourir à l’hôpital[3]. Il faut qu’il ait son pain,

  1. Moniteur, XII, 730, 730 (22 juin 1792), discours de Lamarque, — Au reste, ce principe se retrouve partout. « L’égalité de fait (est) le dernier but de l’art social. » (Condorcet, Tableau des progrès de l’esprit humain, II, 59. — « Nous voulions, écrit Baudot, appliquer à la politique l’égalité que l’Évangile accorde aux chrétiens. » (Quinet, Révolution française, II, 407.)
  2. Buchez et Roux, XXXV, 296. (Paroles de Saint-Just). — Moniteur, XVIII, 505. Arrêté de la commune de Paris, 3 frimaire an II. « La richesse et la pauvreté doivent également disparaître du régime de l’égalité. »
  3. Ibid., XXXV, 296. (Institutions, par Saint-Just.) « Un homme n’est fait ni pour les métiers, ni pour l’hôpital, ni pour les hospices : tout cela est affreux. — Ibid., XXXI, 312, (Rapport de Saint-Just, 8 ventôse an II.) «Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux sur le territoire français!.. Le bonheur est une idée neuve en Europe. »