agitations et des agitateurs, qu’il demande avant tout à être tranquille. Qu’en faut-il conclure ? C’est que, dans l’esprit du gouvernement lui-même, la meilleure politique serait apparemment celle qui se proposerait de réparer un mal, œuvre de tout le monde, selon le mot de M. le ministre de l’agriculture, — qui chercherait son inspiration et son appui dans ces instincts de conservation et d’ordre toujours si vivaces au cœur de la nation française.
C’est l’idée qui se dégage de toute une situation, ou ce qui se passe depuis quelque temps n’a aucun sens ; mais cette politique, devenue presque une nécessité d’existence, a certainement ses conditions, et le ministère se ferait une singulière illusion s’il croyait que, pour être un pouvoir sérieux, pour donner satisfaction aux instincts, aux vœux, aux intérêts du pays, il lui suffit de réprimer une manifestation des rues ou d’ajourner indéfiniment la révision de la constitution. Il se tromperait d’une manière étrange et redoutable s’il se figurait qu’il peut raffermir une situation ébranlée, faire un gouvernement en continuant d’un autre côté à mettre l’imprévoyance et le désordre dans les finances, à traiter les affaires religieuses avec des passions de secte, à laisser la politique envahir l’armée, à livrer tous les services aux cupidités vulgaires. Il faut qu’il prenne son parti ? il faut qu’il soit avec le pays impatient de sécurité et de paix, ou avec ceux qui se font un triste jeu de compromettre la république dans les guerres religieuses, de désorganiser l’administration, la magistrature, les finances, l’armée, — et s’il ne prend pas résolument son parti, il n’a rien fait. Il reste à la merci des surprises, des incidens, de quelque imbroglio comme celui qui a éclaté l’autre jour, où M. le ministre de la guerre, appuyé par les influences qui l’ont porté au pouvoir, a tenu un moment en échec le président du conseil lui-même et quelques-uns de ses collègues.
A la vérité, on devait bien s’y attendre dès qu’on avait consenti à maintenir dans le nouveau ministère l’officier-général choisi en désespoir de cause pour accomplir un acte dont aucun autre chef militaire n’avait voulu prendre la responsabilité. M. le général Thibaudin a été nommé pour frapper les princes d’Orléans, et il les a frappés ; il est resté au pouvoir dans le nouveau cabinet comme le mandataire des passions radicales qu’il a flattées, servies, et dont il reçoit chaque jour, un appui aussi bruyant qu’impérieux. On pouvait bien penser qu’il n’en resterait pas là, et il ne s’en est pas tenu, en effet, à son premier exploit ministériel. Cette fois, c’est M. le général de Galliffet qui s’est vu dépossédé brusquement d’un rôle tout militaire qui lui avait été confié d’un commun accord. M. le général de Galliffet n’est pas seulement à la tête d’un corps d’armée ; il est membre du conseil supérieur de la guerre, président du comité de cavalerie ; il est aussi le principal auteur d’un nouveau règlement adopté l’an dernier pour le service de son arme. Choisi par un insigne honneur pour commander