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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 56.djvu/962

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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les vacances parlementaires approchant de leur terme, le gouvernement devait être amené à prendre d’importantes résolutions concernant les moyens d’assurer l’équilibre du budget ordinaire de 1884 et de pourvoir à l’exécution des grands travaux publics. Le moment est venu où, de toute nécessité, la chambre doit nommer sa commission des finances, et il est difficile d’admettre que celle-ci puisse sérieusement étudier la situation budgétaire pour l’exercice prochain, tant que le ministère n’aura pas fait connaître sur quelles bases il entend édifier le budget extraordinaire. Les trois données principales du problème sont, on le sait, l’emprunt, la conversion, les négociations avec les compagnies de chemins de fer. Encore peut-on ramener à ces négociations toutes les difficultés et toutes les incertitudes de l’heure présente. Car, si les négociations échouent, la nécessité de l’emprunt apparaît ; si elles réussissent, la conversion devient probable.

Aussi ne doit-on pas s’étonner de l’agitation croissante du marché depuis le commencement du mois. Chaque jour voyait éclore une rumeur nouvelle jetant l’émoi dans les rangs de la petite spéculation, semant l’inquiétude parmi les porteurs de titres de rente, bouleversant tous les calculs et toutes les prévisions. Les tentatives de reprise ont été quotidiennement suivies de chutes un peu plus profondes ; finalement le 5 pour 100, pendant cette quinzaine, a reculé d’environ 1 fr. 50 et les deux 3 pour 100 d’une unité.

La liquidation des fonds publics avait accusé une modification complète de la situation qui avait été si habilement exploitée les deux mois précédens par le Crédit foncier. La spéculation à la baisse poursuivie en février avait rendu les armes. Mais les acheteurs victorieux ne s’étaient pas attardés sur leur succès et avaient aussitôt commencé à vendre à leur tour les rentes qu’ils avaient momentanément emmagasinées. Les menaces de livraisons de titres étaient donc fort sérieuses le 2 avril, et n’ont pu être conjurées que par une élévation subite du taux des reports. Ce pas franchi, et plus heureusement qu’on ne l’avait d’abord espéré, les fonds publics paraissaient de voir désormais conserver une assez bonne tenue, le 3 pour 100 au-dessus de 80, l’amortissable au-dessus de 81, le 5 pour 100 au-dessus de 114.