19 juin, avait conduit le secours et qui avait pris le commandement après la mort du gouverneur et du major de la place. Le 10 août, à quatre heures du matin, cinquante-six jours après l’investissement et trente-deux après l’ouverture de la tranchée, les gardes françaises et suisses occupèrent les brèches, tandis que l’armée sous les armes voyait défiler la garnison, tambours battant, enseignes déployées, mèches allumées et balles en bouche. Douze cents hommes valides sortirent de Thionville, suivis de deux chariots portant malades ou blessés. Une escorte française les accompagna jusqu’à Luxembourg. Ils laissaient huit cents des leurs dans le cimetière de la place.
Dès que la dernière voiture eut passé la porte, M. le Duc fit son entrée dans sa conquête. Il fut harangué en latin par le maire, et improvisa une réponse dans la même langue à l’ébahissement de l’auditoire ; puis, visitant le front d’attaque, il admira le relief et l’épaisseur des retranchemens élevés à la gorge des bastions éventrés <[1] et s’étonna d’abord que l’assiégé n’eût pas tiré meilleur parti de pièces aussi fortes ; mais l’état de la courtine effondrée, laissant une large ouverture béante, lui parut justifier la reddition. Et, en effet, la défense avait été très honorable : les dehors disputés pied à pied, successivement enlevés de vive force ; deux assauts repoussés et trois brèches praticables au corps de place, la moitié de la garnison sous terre ou hors de combat, le gouverneur, le major et onze capitaines tués, les vivres complètement épuisés, sauf le blé, qu’on ne pouvait plus moudre depuis la perte du moulin, la garnison se retirant avec ses armes, emmenant ses malades et ses blessés ; jamais capitulation n’a été signée dans des conditions plus régulières.
Les détracteurs et les envieux ne manquèrent pas de mettre en lumière ces assauts repoussés, attribuant la fin du siège moins à l’habileté de l’assaillant qu’à la mort du gouverneur et à l’épuisement des vivres. Mais ces propos trouvèrent peu de crédit. Le duc d’Anguien sortait glorieusement de l’entreprise qu’il avait conçue, dont il avait accepté la responsabilité, qu’il avait dirigée dans le
- ↑ Ces retranchemens intérieurs étaient en forme de demi-lune, avec une palissade formidable et un bon fossé au fond duquel se trouvait un canal de bois plein de poudre et de grenades recouvertes d’un demi-pied de terre, pour faire sauter ceux qui essaieraient de traverser le fossé.