Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

métamorphoses successives, ils s’élèvent à 783 millions pour retomber ensuite à 765. Il est impossible de suivre ces budgets extraordinaires dans leurs variations rapides : ce sont des protées. On a chargé l’état de tant de soins que les sommes mises à sa disposition ne suffisent pas pour y pourvoir, et, d’autre part, l’ensemble des crédits mis chaque année à la disposition des administrations est tellement énorme que, quelle que soit la gloutonnerie de chacune d’elles, elles ne peuvent les dépenser totalement : les annulations de crédits et les reports sur les budgets extraordinaires montent à des centaines de millions chaque année. Aussi députés, sénateurs, ministres, comptables, ordonnateurs, personne ne se rend compte, à quelques dizaines de millions près, de ce que l’état dépense chaque année.

C’est que c’est un ménage effroyablement vaste et compliqué que celui des budgets extraordinaires de l’état. Ceux qui croient que les chemins de fer seuls y figurent se trompent singulièrement. Le budget extraordinaire de 1880, qui s’élève, on l’a vu, au chiffre de 479 millions 1/2, se décompose comme il suit : 1,500,000 francs pour le ministère des finances, près de 3 millions pour celui de l’intérieur, 1,100,000 francs pour celui des postes, un ministère nouveau qui a l’appétit dévorant de la jeunesse, 108 millions pour le ministère de la guerre, 19 pour celui de la marine, 346 millions 1/2 pour celui des travaux publics ; un tiers environ de cette dernière somme est prise pour les travaux de routes, de ports, de canaux, d’amélioration des rivières, de sorte que la moitié seulement du budget extraordinaire de 1880 est consacrée aux entreprises de chemins de fer. Il en est à peu près de même pour 1881. Sur les 707 millions auxquels est provisoirement fixé le budget extraordinaire de cet exercice, 11 millions sont pris par le ministère des postes, 135 1/2 par celui de la guerre, 24 par celui de la marine ; le ministère des arts, cet enfant si rapidement enlevé à la vie, comme Gargantua naissant a exigé sa pâture et a trouvé le moyen de se faire inscrire pour 9 millions au budget extraordinaire de 1881 ; le ministère, fort jeune aussi, mais plus résistant, de l’agriculture, a obtenu 5 millions ; enfin 521 millions, soit un peu plus des 4 septièmes de l’ensemble de ce budget extraordinaire, sont alloués au ministère des travaux publics ; mais si l’on déduit les travaux de routes, de rivières, de ports, de canaux, la part des chemins de fer ne reste plus fixée à peu près qu’à la moitié du total des crédits extraordinaires de cet exercice. Les crédits pour 1882 se distribuent à peu près dans les mêmes proportions : sur les 765 millions qui forment provisoirement la dotation du budget extraordinaire de cet exercice, 169 vont au ministère de la guerre, 311/2 à celui de la marine, 11 aux postes et télégraphes,