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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/641

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la ligne de juxtaposition, contact suffisant pour assurer la réunion latérale et complète des cellules, dont la propriété est de se multiplier en absorbant les fluides végétaux, d’emmagasiner ces fluides et de les transporter dans toutes les directions, surtout latéralement.

La greffe en place, en fente pleine ou partielle, selon l’âge, est celle qui donne les meilleurs résultats dans le Midi ; c’est en même temps la plus facile et la plus prompte. La bouture greffée réussit rarement ; cela n’a rien d’étonnant quand on pense à la manière dont la soudure et l’enracinement s’opèrent. L’un et l’autre sont produits par la couche génératrice qui fournit la matière nécessaire à la soudure et à la formation de nouvelles cellules ; celles-ci, s’ajoutant les unes aux autres, s’allongent et forment les racines et les spongioles qui les terminent. La sève descendante d’une bouture à sa première heure n’est que l’expansion des matières plastiques emmagasinées pendant l’aoûtement et mises en mouvement par la température et par l’eau absorbée, ces deux causes provoquant l’évolution des bourgeons. Aussi faut-il que la formation de nouvelles racines précède l’épuisement de cet approvisionnement, sinon, les vaisseaux vides se désorganisent au point de n’être plus aptes à transporter la sève puisée par les racines de la bouture lorsqu’enfin elles sont formées.

La greffe sur table de plants racines offre, au contraire, les plus grandes chances de succès, car les spongioles se reforment dès la mise en terre, la sève monte rapidement au travers des sections de la greffe et redescend de même, apportant abondamment à la couche génératrice les matériaux nécessaires à la soudure parfaite. Dans les grandes cultures de la région de l’olivier, la greffe en fente sur place est aussi généralement qu’heureusement appliquée, maison s’en abstient en Gironde, et pour cause ; les variations atmosphériques produisant des arrêts de sève pendant lesquels les surfaces des coupes s’altèrent. C’est pourquoi, même en Languedoc, la greffe tardive est préférable, parce que l’intensité de la lumière et de la chaleur, en activant la circulation, assurent une soudure rapide, tandis que l’intermittence de l’action des feuilles, causée dans le Bordelais par les printemps humides, froids et variables, compromet le résultat final.

M. de Mahy, étant ministre de l’agriculture, a souvent recommandé la transformation par le greffage des vignes françaises attaquées en espèces américaines à produit direct. Les préventions que l’irrégularité de ce procédé explique jusqu’à un certain point, tombent devant l’utilité de ce palliatif, qui, bien appliqué, présente trop d’avantages pour être repoussé légèrement. Partout où la vigne française est assez vigoureuse pour affranchir son greffon, il y a