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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/653

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cuites, qui permettront d’établir des séries archaïques. Secondé par M. Nénot, lequel affirme que ses travaux pour la construction de la future Sorbonne ne feront pas tort à cette collaboration savante, M. Homolle prépare une grande publication. L’École française d’Athènes aura fait à la science, par ces fouilles de Délos, un présent plus considérable peut-être que l’Allemagne par les récentes fouilles d’Olympie.

Ce ne sont pas là de médiocres services rendus à notre pays, car la grandeur intellectuelle d’une nation qui, comme la France, a des liens intimes avec le lointain passé, se mesure en partie sur ce qu’elle retient encore de la forte et sévère culture classique ; ce lui est un lien et comme une solidarité profitable avec certaines grandeurs que le génie moderne n’a ni dépassées ni même atteintes. L’originalité du génie grec, la très vive part qu’il a prise à l’œuvre générale de la civilisation occidentale, non-seulement par la philosophie, mais par le grand art et par les ingénieuses combinaisons du droit politique, ne sont pas encore autant étudiées et connues qu’elles pourraient l’être : nous en avons la preuve dans nos progrès mêmes. Tout ce qui nous avance dans cette voie profite à nos intérêts les plus élevés. Ce n’est pas seulement l’érudition française qui s’en accroît ; notre enseignement public, tout le premier, en profite. Croit-on que les jeunes maîtres formés de la sorte à l’école de l’antiquité même enseignent à leur retour sans un progrès vivant ? Ils connaissent, pour les avoir pratiquées, la méthode et la critique. Avec les ressources nouvelles de l’épigraphie, ils interprètent mieux qu’on ne le faisait jadis les institutions politiques et civiles. Ils expliquent nos antiquités, ils recueillent nos inscriptions. Leur esprit et leur vue même se sont exercés. Ils sont familiers avec les monumens. Les musées de nos provinces prennent un sens nouveau, commentés par eux. L’histoire de l’art, cette manifestation séduisante et insigne de quelques-unes des plus belles facultés de l’esprit humain, pénètre enfin dans notre éducation publique, qui se ravivé, grâce à une heureuse contagion, par une science plus précise chez les maîtres, par une curiosité plus haute et plus féconde chez les élèves.

Si de tels résultats, dès maintenant, ne peuvent être contestés à la belle activité de notre École française d’Athènes, l’École française de Rome a pu avoir de semblables espérances.

Les différences sont notables entre l’urne et l’autre ; elles n’ont pas toutes deux les mêmes moyens de réussir et d’être utiles. La première est composée exclusivement, on peut le dire, d’agrégés sortant de l’École normale supérieure, et ces jeunes gens ont tous le même avenir, l’enseignement dans l’Université. De plus, pendant