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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/661

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faire sa place. Il lui fallait tâcher de convertir en occasions d’appui réciproque et bienveillant les avantages conquis par d’autres avant son arrivée à Rome, il lui fallait mettre à profit les ressources qui constituaient son propre fonds, et s’efforcer de l’augmenter en appelant à elle tous les bons vouloirs. Elle en a obtenu de très effectifs et de très inattendus.


II

On pense bien qu’elle s’est fortifiée tout d’abord de la pensée incessante de l’œuvre qui lui était confiée. Au lendemain d’Iéna, la Prusse a eu foi dans la dignité féconde du travail intellectuel, de l’effort scientifique. Elle a cru virilement qu’elle trouverait là une noble expression, mais aussi un énergique instrument de son patriotisme patient et résolu. La France a fait quelque chose de semblable au lendemain de 1871. D’un commun accord, les pouvoirs publics et l’administration supérieure de l’Université ont accompli de profondes réformes pour fortifier le haut enseignement, sachant bien que de là dépend la force réelle de toute l’éducation nationale. La science a été encouragée dans ses voies les plus spéciales et les plus étroites, seul moyen de raviver et d’étendre la culture générale. — L’institution de l’École française de Home devenait un des ressorts nécessaires de cette sage conduite. Pour cela et pour le reste, elle n’a pas oublié un seul jour qu’elle occupait, à une date solennelle et peut-être décisive de notre histoire, un poste avancé en pays ami, mais étranger.

En tête de ses meilleurs alliés, elle place naturellement ses fondateurs. La pensée de créer une école savante à Rome comme à Athènes avait failli plusieurs fois déjà se réaliser. M. Léon Renier, alors que le Palatin appartenait à Napoléon III, avait été chargé d’étudier le projet ; M. Duruy s’en était occupé. Le passage à Rome des membres de l’École d’Athènes servit d’occasion et de point d’attache. Un décret du 25 mars 1873 disposa qu’ils devraient passer toute leur première année en Italie, et institua, pour les assister, un « sous-directeur de l’École d’Athènes en résidence à Rome. » On eut ainsi comme une succursale de notre colonie grecque. Bientôt, le 26 novembre 1874, un décret réorganisant l’Ecole française d’Athènes donna à ce qui en avait été officiellement jusqu’alors là section romaine une existence propre : on eut une « École archéologique de Rome, » dont le sous-directeur de l’Ecole d’Athènes devenait en même temps directeur. Ce n’était