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les villes sont obligées de créer des laboratoires. Les chimistes ainsi désignés sont à la disposition du public moyennant une rétribution qui ne doit pas dépasser 10 shillings 6 deniers par analyse. Ils doivent analyser aussi tous les échantillons qui leur sont remis par les officiers de la police sanitaire. Les juges de paix se prononcent d’après leur avis. Mais ni cet avis, ni ce jugement ne sont sans appel. Le condamné peut se pourvoir devant les juges des general or quarter sessions of the peace. Et les analyses seront recommencées dans les laboratoires de la Direction générale des douanes et des impôts.

En Allemagne, il existe depuis quelques années un conseil supérieur composé des savans les plus éminens du pays et chargé d’étudier les mesures générales destinées à sauvegarder l’hygiène et la santé publiques. C’est l’Office impérial de santé, créé le 28 novembre 1875, en vertu de l’article 15 de la constitution de l’empire. L’ambassadeur de France à Berlin ayant adressé au ministère des affaires étrangères un mémoire sur cette belle institution, M. Wurtz, à la bienveillance duquel nous devons tous ces renseignemens sur les législations anglaise et allemande, fut chargé par le conseil d’hygiène d’examiner le mémoire de l’ambassadeur et les premiers travaux accomplis par l’Office impérial. Voici la liste de ces travaux relevés par l’éminent rapporteur : Statistique médicale. — Exercice de la pharmacie. — Amélioration des études vétérinaires. — Examens d’état pour les médecins. — Protection de la santé des enfans. — Protection des aliénés. — Étude d’une loi d’empire contre les maladies infectieuses chez l’homme : vaccin. — Étude d’une loi d’empire contre les épizooties. — Étude d’instructions propres à déceler les fraudes dans le commerce des alimens et des boissons. — L’Office impérial ne donne que des avis, mais l’autorité de tels avis est considérable. Pour étudier la question des falsifications, cette assemblée s’était adjoint une commission dont faisaient partie MM. Hofmann, Fresenius, Knapp et Varrentrap, qui peuvent compter parmi les plus habiles chimistes de l’Allemagne ; le docteur Zinn, médecin-aliéniste, et M. Hausburg, secrétaire-général du conseil d’agriculture à Berlin. Cette commission prépara la lui qui fut adoptée par le Bundesrath, votée par le Reichstag, le 12 février 1879, et qui est aujourd’hui une loi d’empire.

Les dispositions de cette loi ressemblent beaucoup à celles de la loi anglaise ; mais elles sont plus étroites et confèrent plus de droits à l’administration sur le commerçant. L’empereur peut interdire, par une simple ordonnance : « certains modes de préparation, de conservation et d’emballage des substances alimentaires… l’emploi de certaines étoffes ou de certaines couleurs pour la confection