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votées avant la fin de la session. Il est malheureusement peu probable qu’il emporte ce vote, la commission étant en majorité composée de membres qui ont bien de la peine à abandonner leurs anciennes chimères de rachat et d’exploitation des chemins de fer par l’état.

Quant à la convention avec l’Ouest, il n’en est plus question que pour mémoire. L’Ouest est la plus pauvre de nos compagnies. Sa situation la met pour ainsi dire à la merci de l’état, et celui-ci abuse de sa force. Dégagé, par les conventions avec les cinq autres compagnies, de la partie la plus lourde des charges que lui imposait l’exécution du programme Freycinet, il pourrait, à la rigueur, construire les lignes nouvelles situées dans la région du réseau de l’Ouest ; aussi impose-t-il à la compagnie des conditions si rigoureuses, que celle-ci ne peut se résoudre à signer bénévolement sa propre destruction.

On a relevé depuis quinze jours, dans une proportion assez sensible, les cours des actions des chemins de fer français. La fermeté du niveau actuel est plausible ; mais une hausse plus forte ne se comprendrait pas. Si les conventions ont pour résultat de consolider la situation des compagnies, et par conséquent celle des actionnaires, elles éloignent l’époque où ceux-ci pourront bénéficier des plus-values des recettes. Pendant longtemps les dividendes ne dépasseront pas les chiffres actuels, et comme ceux-ci sont déjà capitalisés à 4 pour 100, on ne voit pas sur quel motif la spéculation appuierait une nouvelle progression des cours.

Pendant cette quinzaine encore, les titres des institutions de crédit ont été complètement négligés par la spéculation. C’est à peine si les transactions quotidiennes permettent l’inscription à la cote de quelques cours nominaux. En ce qui regarde les chemins étrangers, les compagnies des Autrichiens et des Lombards sont plus en faveur que les lignes espagnoles, menacées d’une suppression de la surtaxe de 10 pour 100 sur les voyageurs, qui leur avait été concédée dans des temps de misère. Il est assez naturel que la concession leur soit enlevée, maintenant que la prospérité est venue. La déception n’en sera pas moins désagréable pour les actionnaires si la suppression est votée par les cortès.

L’Obligation tunisienne est arrivée à 500 francs, à cause de l’imminence du dépôt, par le gouvernement, sur le bureau de la chambre, du projet de réorganisation financière et administrative de la Tunisie. Ce projet comporte le remboursement de l’ancienne dette au moyen d’un nouvel emprunt contracté par le bey sous les auspices du gouvernement français, la suppression de la commission financière internationale et une réforme de la perception des impôts.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.