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PAULINE DE MONTMORIN
COMTESSE DE BEAUMONT

II.[1]
LE MINISTÈRE DU COMTE DE MONTMORIN PENDANT LA RÉVOLUTION.

Il y a un attrait qui agrandit l’âme à parler avec équité d’un homme lorsqu’il a été longtemps calomnié et méconnu. C’est comme une haute et tardive justice qu’on rend à un condamné innocent. On se laisserait alors facilement entraîner à exagérer l’importance du personnage, l’étendue de son intelligence, l’originalité de ses vues, l’éclat de ses qualités et de ses vertus. Nous ne tomberons pas dans cet écueil en restituant son caractère véritable au rôle du comte de Montmorin pendant la constituante et la législative. Nous avons, pour nous garder de toute exagération, les témoins les plus éclairés et les plus impartiaux, les aveux les moins suspects et la connaissance de ces dessous de l’histoire sans l’examen desquels on ne pénètre qu’une partie de la vérité.

De l’avis de ceux qui étaient de son intimité, le comte de Montmorin est, de tous les ministres du malheureux Louis XVI, celui qui fut jugé avec le plus de sévérité. L’opinion générale sur son compte était telle en 1789, qu’on ne pouvait, dans le monde de la cour, avouer

  1. Voyez la Revue du 15 juin.