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des tissus imperméables paraît avoir été inventée par les Indiens, on y emploie des dissolutions de caoutchouc fixées par compression entre deux couches d’étoffe, ou bien on double une étoffe très légère de feuilles de caoutchouc excessivement minces. MM. Girardin et Bidard ont indiqué un autre moyen de rendre les tissus imperméables : il consiste à les tremper dans des solutions d’alun et de savon. On peut aussi employer le savon et le sulfate de cuivre. Un manteau de caoutchouc à capuchon, muni d’un respirateur en bourre de coton, comme on a pu en voir cet hiver à l’exposition de la Health Society de Londres, est un vêtement utile pour les visiteurs des hôpitaux en temps d’épidémie.

Une propriété fort importante des étoffes est enfin leur hygroscopicité. Tous les tissus sont hygroscopiques : ils condensent l’humidité atmosphérique et s’en imprègnent d’autant plus vite, que l’air est plus saturé de vapeur et, par conséquent, moins capable de favoriser l’évaporation. Cette condensation, cette espèce de rosée, se produit surtout quand la température s’abaisse. Les recherches auxquelles M. Coulier s’est livré à cet égard prouvent que l’eau absorbée par une étoffe se divise en deux parties : l’une qui ne se laisse pas reconnaître au toucher et qu’on ne peut exprimer, — c’est l’eau hygrométrique proprement dite ; l’autre qui bouche les pores, qu’on peut en faire sortir par la compression et que M. Coulier appelle eau d’interposition. D’après ses expériences, la laine est plus hygroscopique que la toile de chanvre, et la toile l’est plus que le coton.

M. Pettenkofer, de son côté, a comparé sous ce rapport une pièce de toile et une pièce de flanelle de même surface et de poids à peu près égaux (12 grammes et 11 grammes respectivement). Séchées d’abord à la température de 100 degrés, les deux étoffes étaient exposées ensemble dans des locaux plus ou moins humides, et on mesurait les variations de poids qu’elles avaient subies après quelques heures d’exposition. Il s’est trouvé que la laine était beaucoup plus hygroscopique que la toile, — presque deux fois plus ; — ainsi, dans une cave où le thermomètre marquait 3 degrés, le poids de la pièce de flanelle avait augmenté, au bout de 12 heures, de 16 pour 100, celui de la pièce de toile de 8 pour 100 seulement. Dans une autre occasion, l’augmentation constatée fut de 13 et de 11 pour 100. Mais les variations se manifestaient proportionnellement plus vite pour la toile et se continuaient ensuite plus longtemps pour la laine, comme le montrent les chiffres suivans, empruntés à un des tableaux de l’auteur, et qui représentant le poids de l’eau absorbée par 1,000 grammes du tissu :