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mais le défaut d’oxygène n’explique pas davantage ces effets. Il est permis de se demander si une diminution de 1 pour 100 dans la proportion d’oxygène peut causer des troubles sensibles ; ne serait-elle point compensée par une respiration plus fréquente ?

L’acide carbonique a été souvent accusé à tort d’effets qui étaient, en réalité dus à une faible dose d’oxyde de carbone, provenant de combustions incomplètes ou d’une réduction de l’acide carbonique. L’oxyde de carbone est un véritable poison qui détruit la vitalité des globules rouges du sang. M. Leblanc a constaté qu’un chien était asphyxié par un air confiné qui contenait 3 pour 100 d’acide carbonique et 1/2 pour 100 d’oxyde de carbone, tandis que l’acide carbonique seul ne produisait l’asphyxie qu’à la dose de 20 pour 100 (en volume). C’est aussi par un dégagement d’oxyde de carbone que s’expliquent les fâcheux effets des poêles de fonte, signalés il y a quinze ans par M. le docteur Carret, qui crut de voir attribuer à cette cause une épidémie de fièvre typhoïde observée au collège de Chambéry. Les expériences auxquelles s’est livré à cette occasion le général Morin ont mis hors de doute la présence de l’oxyde de carbone dans l’air d’une salle où se trouvaient des poêles de fonte chauffés au rouge et dans le sang des lapins qu’on y avait laissés plusieurs jours, tandis que les poêles en tôle de fer ne produisaient pas les mêmes effets. Que l’oxyde de carbone soit dû à la perméabilité de la fonte surchauffée, à l’oxydation du carbone de la fonte ou à une décomposition de l’acide carbonique de l’air, il est révélé par les analyses et donne lieu à des effets toxiques, qu’on a cependant un peu exagérés, d’après l’enquête contradictoire de M. Coulier. L’oxyde de carbone se rencontre aussi en doses assez fortes dans le gaz d’éclairage mal préparé, et devient alors une cause d’accidens s’il se produit des fuites.

Quoi qu’il en soit, on prend d’habitude pour mesure du degré d’insalubrité d’un milieu sa teneur en acide carbonique. C’est ce gaz, on le sait, qui donne leur saveur piquante à l’eau de Seltz et aux vins mousseux. Pour en constater la présence dans l’atmosphère, il suffit d’exposer à l’air une soucoupe remplie d’eau de chaux limpide ; au bout de quelques heures, le liquide se recouvre d’une mince pellicule blanchâtre qui est du carbonate de chaux, formé par la combinaison de la chaux avec l’acide carbonique de l’air. De même, en respirant avec une paille dans un verre d’eau de chaux, on peut voir le liquide devenir laiteux à mesure qu’il absorbe l’air expiré ; un peu de vinaigre lui rend sa limpidité en dégageant l’acide combiné. À l’eau de chaux on préfère pour les dosages l’eau de baryte, recommandée par M. Pettenkofer, ou la potasse caustique : c’est ce dernier réactif qui est employé à l’observation de Montsouris.

Les résultats que l’on cite le plus souvent sont ceux que M. Félix