C’est par des qualités analogues que se recommande la seconde figure dont nous voulons parler. Elle se trouve à côté du signe de la Vierge, dans le compartiment consacré au mois d’août, et nous apparaît sous les dehors d’une vieille femme à genoux qui met toute la ferveur de son âme à remercier le ciel de l’abondance des récoltes. Un rosaire est suspendu à son poignet gauche. Elle est vêtue d’une robe rouge et d’un manteau vert foncé ; un voile blanc lui sert de coiffure. Ses mains jointes sont remarquablement traitées. L’exécution de toute la figure au surplus témoigne d’une réelle habileté chez le peintre; mais ce qui l’emporte sur les mérites techniques, c’est l’intensité de l’expression. En regardant prier cette femme, on oublie ses traits anguleux et secs pour ne songer qu’aux sentimens qui les transfigurent.
L’intérêt croît encore quand on examine les sujets dans lesquels figure Borso. Ils sont malheureusement en très mauvais état. Les deux premiers cependant, un peu moins détériorés que les autres, permettent d’apprécier le genre d’attrait qu’ils exerçaient sur les contemporains du prince et qu’ils exercent sur le spectateur d’aujourd’hui. L’exécution d’ailleurs en est plus magistrale et révèle la main d’un artiste plus distingué.
Dans le premier, Borso, vêtu d’un riche costume broché d’or, se tient devant un édifice sur lequel on lit le mot Justitia. Entouré de ses courtisans et de ses ministres, il reçoit une supplique d’un malheureux qui plie le genou devant lui. Une femme, précédée d’un enfant, a aussi entre les mains un papier qu’elle va bientôt remettre au souverain de Ferrare. Vers l’extrémité de la fresque, à droite, on distingue deux personnages à calottes rouges dont les têtes, très bien conservées, sont fort belles. — Tout près de là, Borso à cheval part pour la chasse. Il est suivi d’un grand nombre de cavaliers. Un chien regarde des canards dans une mare où il met ses pattes de devant. Enfin, un homme, accroupi sur des briques, fait descendre un cheval dans la même mare, tandis que, derrière lui, un cavalier entreprend de mener vers l’eau son propre cheval qui regimbe.
Dans la fresque du second compartiment, Borso, toujours entouré des personnages dont il faisait sa société habituelle, tend une pièce de monnaie à un homme, qui n’est autre probablement que le bouffon Scoccola, auquel les magistrats, le 26 mai 1466, accordèrent le titre de citoyen de Ferrare, pour complaire au souverain. — En regardant vers la gauche, on voit Borso revenant de la chasse sur un cheval blanc. Il porte un vêtement jaune à ramages noirs. Sur le devant de la composition, un homme assis, dont les jambes se trouvent en dehors de la fresque, caresse un faucon posé sur une de ses mains recouverte d’un gant.