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leur tour les esprits. Non-seulement on doit les imputer à la cause générale que nous venons d’indiquer, mais des fautes particulières y ont contribué pour leur part. Si, comme cela est inévitable, la sagesse, dans le maniement des deniers publics, finit par prévaloir, espérons que la gestion de ces intérêts particuliers obéira aussi aux lois strictes d’une prudence nécessaire, et qu’elle aidera, pour sa part, au relèvement général qui effacerait les traces de cette grande crise publique et privée dont nous souffrons encore en ce moment.

L’industrie de la banque occupe dans tous les états une place prépondérante. Nous ne voulons pas dire par là que le commerce en général, que l’agriculture, que l’industrie lui soient inférieurs, mais elle se mêle à tous leurs actes, elle les facilite, elle en accélère le mouvement, et on peut prétendre qu’elle est le principal élément de leur vie. La banque donne le crédit et la circulation; par l’un, elle devance le temps; par l’autre, elle supprime les distances. L’escompte qui permet de clore les opérations commerciales avant leur fin, d’en entreprendre de nouvelles quand les premières sont en cours ; le virement qui, sans transport d’espèces, met par la poste et par le télégraphe dans les lieux les plus éloignés les ressources les plus considérables à la disposition immédiate de quiconque mérite du crédit, donnent à l’industrie de la banque une telle importance qu’on est disposé à lui concéder sur toutes les autres une véritable supériorité de fait. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, elle a pris de notre temps une telle extension, elle occupe dans nos besoins journaliers, dans nos habitudes financières une telle place qu’il ne peut sembler inopportun d’en constater l’état actuel et d’en étudier un moment le mécanisme.

La banque s’exerce par des maisons particulières par des hommes qui ont su donner au nom de leur famille un relief privilégié, ou par des agglomérations de capitaux réunis en sociétés anonymes soumises à une législation spéciale. Le rôle des uns et des autres est-il le même? Existe-t-il entre eux une similitude qui les condamne à une concurrence défavorable? Sont-ils destinés à pourvoir aux mêmes besoins, à rechercher la même clientèle? Ou bien au contraire, ne sont-ils pas appelés à rendre des services différens, à tenir une conduite qui varie, partant à s’adresser à des intérêts divers et à concourir ainsi en commun au bien général? C’est ce que nous voudrions examiner d’un peu près pour combattre une opinion assez répandue et remédier à un état de choses dangereux dont les inconvéniens se sont récemment révélés chez nous plus que partout ailleurs,

Il serait difficile de préciser toutes les causes du brusque mouvement