à la Caisse des consignations, à la dette flottante ou à la Banque de France, émission de bons du trésor, etc. ? Les traités même avec les grandes compagnies permettront-ils au gouvernement de reculer longtemps l’émission d’un grand emprunt? Aujourd’hui impraticable à moins de provoquer un effondrement général, pourra-t-on le tenter dans un délai suffisant? et encore, comment en couvrir les annuités? Sera-t-on forcé de recourir à l’impôt ? Sans aucun doute, car l’impôt est le corollaire de tout emprunt; mais à quel impôt s’adresser? A l’impôt direct? On avait promis de dégrever l’impôt foncier, puis on a singulièrement faussé cette promesse, car sous forme de centimes additionnels on double les impôts directs, dont le foncier est le principal dans plus de quatre mille de nos communes, et on y ajoute un tiers ou un quart dans près de dix mille autres. S’adressera-t-on aux impôts indirects? Mais la vie à bon marché est l’idéal auquel chacun aspire, et le dégrèvement des droits avec l’abolition des octrois en constituerait le principal élément : aussi est-ce déjà une question soulevée et dont le suffrage universel s’occupera. Verrons-nous revenir les propositions d’impôt sur le revenu, d’impôt progressif? Hélas! ce n’est pas dans ces systèmes tant de fois discutés et toujours réfutés que gît le remède.
Le remède se trouverait dans une meilleure conduite gouvernementale, et les ressources de notre pays sont telles que la confiance renaîtrait bien vite et rendrait toute tâche bien facile. Il suffit que nos ministres parlent plus franc et agissent mieux. Au lieu de semer partout la discorde, de scinder la France en deux camps irréconciliables, qu’on fixe les dépenses urgentes d’une manière définitive et qu’on suspende les moins nécessaires, qu’on précise le moment et le rang de l’exécution des grands travaux; qu’on satisfasse tous les sentimens et toutes les aspirations à la liberté politique et religieuse; qu’on inaugure le véritable règne de la paix sociale, et le grand but de charité et de dévoûment qu’il s’agit d’atteindre ne trouvera plus que des concours empressés et tout-puissans. Cette politique peut être suivie : il suffit d’un bon mouvement et d’un homme qui s’en déclare le défenseur autorisé. En l’attendant, que chacun en fasse ressortir l’urgence et que tous les esprits conservateurs et libéraux, à quelque parti qu’ils appartiennent, s’unissent dans ce dessein.
A. BAILLEUX DE MARISY.