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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/168

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COLIGNY

II.[1]
LA DEUXIEME ET LA TROISIEME GUERRE DE RELIGION. — LA SAINT-BARTHÉLEMY


I

Il ne semble pas que Coligny se soit montré aussi lent à la guerre civile, en 1567, qu’il l’avait été en 1562 ; on ne saurait dire, toutefois, qu’il y fut prompt, mais il avait vu que le hasard d’une seule journée peut décider du sort d’un royaume ; il était las, sans doute, de défendre sa cause avec de vaines paroles et des écrits encore plus vains ; il voyait grandir l’influence de ses ennemis, il devinait les complicités entre les Lorrains et l’Espagne ; il souffrait comme protestant, il souffrait comme Français, et il ne vit bientôt plus qu’un remède aux maux qui affligeaient ses coreligionnaires ou qui menaçaient le pays. Le duc d’Alba avait traversée la Savoie, la Franche-Comté et la Lorraine avec une armée destinée à l’extermination des hérétiques dans les Pays-Bas. Sous prétexte de ne pas laisser insulter nos frontières, on avait enrôlé six mille Suisses et l’on faisait des levées dans tout le royaume. Le prince de la Roche-sur-Yon donna avis à l’amiral qu’à Bayonne on avait projeté de détruire entièrement la religion réformée ; de semblables avis lui revenaient en même temps de divers côtés.

Condé, Coligny et ses frères, et quelques gentilshommes eurent deux réunions à Valéry et à Châtillon. Dans ces deux assemblées, Condé et Coligny essayèrent encore de contenir leurs amis ; une troisième assemblée eut lieu un mois après la seconde. La Noue a laissé le récit de ce qui s’y passa. Le prince et l’amiral affirmèrent

  1. Voyez la Revue du 1er août.