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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/540

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et politique remplit la première partie de la présidence de Monroe. Mais une question plus redoutable, et qui devait désormais dominer la politique américaine, ne tarda pas à surgir et vint compliquer tous les problèmes dont la solution divisait les esprits : c’était la question de l’extension de l’esclavage dans les nouveaux états de l’Union.

Henry Clay la fit résoudre en 1819, après de longues et graves discussions, par l’adoption du célèbre compromis du Missouri, qui accorda à tous les états qui se créeraient au sud du 36° 3’de latitude, le droit d’accepter ou de répudier l’esclavage. Mais ce grand débat avait mis pour la première fois en lumière l’opposition d’intérêts qui existait entre les états du Nord et ceux du Sud. Cette opposition se manifesta dès lors dans toutes les controverses constitutionnelles que nous venons d’indiquer, et leur donna ce qu’on a nommé dans la langue politique des États-Unis un caractère sectionnel. Sur la question du tarif, les états agricoles du Sud étaient en désaccord avec les états du Nord, dont le régime protecteur favorisait le développement industriel. La question des grands travaux publics intéressait également le Nord et l’Ouest à un plus haut degré que le Sud. Enfin la théorie qui élargissait les pouvoirs du congrès ne pouvait manquer d’alarmer les esclavagistes, qui trouvaient dans le principe de la souveraineté des états la meilleure garantie du maintien de l’institution particulière. Il en résulta que les strict constructionists se recrutèrent principalement dans tes états du Sud et y formèrent le noyau du parti démocratique, tandis que le parti républicain proprement dit, qui prit quelques années plus tard le nom de parti whig, trouva dans le Nord son principal point d’appui.

Cette formation de deux partis nouveaux n’était pas encore accomplie à la fin de la présidence de Monroe; mais la division existait déjà à l’état latent, et les ardentes compétitions de personnes qui se produisirent à cette époque servirent à la mettre en lumière.

Jusque-là, le candidat de chaque parti à la présidence avait été désigné par une réunion des membres des deux chambres appartenant à ce parti, réunion que l’on désignait sous le nom de caucus. C’était, en réalité, aux chefs parlementaires que cet usage réservait la rédaction du programme et la désignation des candidats. Mais, dans cette circonstance, le choix du caucus n’était pas sans difficulté; car cinq candidats, appartenant tous au parti républicain, étaient sur les rangs.

Le secrétaire de la trésorerie, Crawford, qui avait été en 1816 le compétiteur de Monroe, se flattait de l’espoir de lui succéder. Il était le chef reconnu du parti républicain dans l’état de Géorgie; il comptait de nombreux amis parmi les membres influens du congrès,