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jardin paysager chinois aurait à sa disposition soit des essences de taille à ombrager l’édifice central, comme l’Ailante et le Cedrela sinensis, la Sapinette de Mongolie, réservée aux princes de l’empire, le Cunninghamia, qui porte le nom de James Cunningham, le premier Européen qui rapporta un herbier recueilli en Chine (1698-1702), etc. ; — soit, parmi les arbres de deuxième grandeur : le Paulownia, dont le bois se prête si bien à recevoir le vernis, le Pistachier de Chine, cinq ou six espèces de Magnolia à fleurs d’un blanc par, ou bien lactées à l’intérieur et violettes au dehors ; le Catalpa Bungeana, des Légumineuses comme le Sophora et le Gledhschia, dont les fruits fournissent du savon ; — soit des arbrisseaux à feuilles persistantes, entières comme les Lauriers-tins, les Fusains et les Houx dont le bois se sculpte si bien, ou à dents aiguës comme les Epines-vinettes ; à fleur odorante comme le Chimonanthus, éclatante de pourpre comme le Cognassier d’Orient, ou de blancheur comme le Xanthocère à feuilles de Sorbier, savamment reproduit au Plessis-Piquet par un horticulteur bien connu, M. Malet, le maire de ce charmant village ; — soit des sous-arbrisseaux florifères, comme le Forsythia, dont les fleurs jaunes précèdent les feuilles ; le Weigela rosea, toute la tribu des Spirées, les Deutzia, les Hydrangea, dont l’Hortensia n’est qu’une espèce, etc. On laisserait grimper au tronc de ces arbres, ramper entre les branches de ces arbustes, se suspendre aux colonnettes des kiosques les guirlandes bleues de la Glycine, les sarmens de la Vigne vierge et de la Clématite de Mongolie, ou les rameaux du Rosa Banksiœ, surchargés de petites fleurs doubles d’un jaune pâle : sur les rocailles on verrait, selon l’humidité de l’air, se fermer ou s’ouvrir les rosettes du Selaginella involvens, un véritable nid d’oiseau tout fait, et l’on ménagerait une grotte aux parois suintantes d’où tomberaient les frondes d’une délicate fougère, l’Adiantum. Capillus Junonis, tandis que l’on émaillerait les parterres des fleurs blanches ou rosées de l’Anémone du Japon, des fleurs violettes du Lespedeza ou des fleurs jaunes de l’Hypericum patulum.

La seule difficulté réelle, pour cette belle entreprise d’imitation, serait de trouver des jardiniers. Il faudrait les faire venir de Chine avec les plantes. Il n’existe, en ef1er et, dans aucun pays de l’Europe, des gens aussi habiles à multiplier et même à améliorer. Ils ont des procédés à eux. Nos jardiniers ignorent l’usage des planches à demi pourries, qu’on perce de trous remplis de terre pour assurer la germination et le bouturage, et qu’on brise quand la reprise du plant est assurée. Ils sont loin assurément de pratiquer la greffe d’une manière aussi hardie. Cette opération horticole est effectuée par les Chinois entre espèces fort différentes. Ils insèrent avec succès le Chrysanthème sur l’Armoise, le Chêne sur le