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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/137

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aucun renseignement certain, elles servent du moins à montrer le point culminant de l’art dont nous avons raconté les humbles débuts.

Nous venons de dire la conclusion qui s’imposait : l’absence de tout élément étranger dans la naissance et le développement de la peinture et de la sculpture chez les divers peuples américains. Les mêmes conclusions peuvent-elles s’appliquer à l’architecture, l’art à la fois le plus important et celui où l’assimilation est le plus facile? C’est ce qu’il nous reste à examiner.


III.

La nécessité de se préserver des intempéries a été l’origine de l’architecture. Les parois des cavernes, où l’homme avait trouvé son premier asile, devaient faire naître chez lui l’idée des murs en pierre; les arbres des forêts sous lesquels il reposait, celle des colonnes et des toits. Par un progrès naturel, les pierres sont équarries, disposées en un ordre régulier, assujetties avec de l’argile; les colonnes sont sculptées, les toits se dressent, les ornemens les plus variés, les bas-reliefs se montrent; et peu à peu les humbles demeures deviennent ces temples, ces palais dont les siècles ont respecté les ruines grandioses. En Amérique, par une exception remarquable, la pierre fait défaut aux plus anciennes constructions architecturales de l’homme. Du Canada au golfe du Mexique, du Pacifique à l’Atlantique, une race nombreuse et intelligente a laissé comme traces de son passage des fortifications, des tertres, des pyramides, sépultures de ses chefs ou temples de ses dieux, toujours construits en terre. Nous ignorons l’histoire, l’origine, les migrations de cette race ; ses fortunes diverses nous sont inconnues ; son nom même est effacé de la mémoire des peuples, et celui de Mound-Builders, sous lequel nous le désignons, est emprunté à ses terrassemens[1]. La civilisation de ces hommes était avancée ; ils avaient exploité, dès les temps les plus reculés, les mines de cuivre du lac Supérieur; ils cultivaient le sol, comme toute

  1. C’est la Revue qui, la première en France, a fait connaître ces curieru monumens. Ampère les mentionne dans ses Promenades en Amérique (voy. année 1853, 1. I, p. 751).