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M. Henri Cauvain nous donne sous ce titre : le Grand Vaincu, un émouvant récit de la dernière campagne du marquis de Montcalm. Si nous ne possédons plus aujourd’hui ce magnifique empire dont nous fûmes un moment les maîtres, la faute n’en a pas été à ceux qui, par-delà les mers, avec une poignée d’hommes, soutenaient en Amérique ou dans l’Inde l’honneur du drapeau national, Montcalm comme Dupleix est du nombre de ces hommes qui auraient sauvé l’empire colonial de la France, s’il avait pu être sauvé. Était-il toutefois bien utile à M. Cauvain de mêler tant de roman à l’histoire ? Jack et Jane est un de ces aimables récits comme sait les traduire, les réduire et les arranger la plume habile de Stahl. Il ne s’agit que de les raccourcir, « de les expurger, comme disaient nos pères, de leurs moralités superflues » et enfin de les équilibrer ; peu de chose, comme on voit ; seulement peu de gens sont capables de ce peu de chose ; et c’est pourquoi lorsque Stahl se repose, il fait singulièrement défaut à son public familier. L’aimable, délicat et poétique romancier de Mademoiselle de la Seiglière ne sera pas témoin du succès que l’une de ses œuvres de prédilection rencontrera sous sa forme nouvelle. Parmi les œuvres de Jules Sandeau, si Mademoiselle de la Seiglière ne tient pas le premier rang, il ne s’en faut de guère, et je ne vois que la Maison de Penarvan qui pût le lui disputer. D’autres peuvent préférer Madeleine, et d’autres Marianna. Nous osons croire, pour nous, que s’il a mis quelque part le meilleur de son originalité, c’est dans la Maison de Penarvan et dans Mademoiselle de la Seiglière ; et que ce sont surtout ces récits d’histoire en même temps que de mœurs qui feront durer le nom de Jules Sandeau. — Si nous ajoutons à cette liste déjà longue le nom de M. Jules Verne pour son dernier volume : Kéraban le Têtu, celui de M. Lucien Biart, pour son Voyage de deux enfans dans un parc, celui de M. Eugène Müller, pour ses Animaux célèbres, on conviendra que la collection Hetzel s’est présentée rarement à son public ordinaire sous un meilleur aspect et qu’elle méritait bien la place que nous avons cru devoir lui faire[1].

Voilà bien des noms, et des titres, et des volumes, et cependant nous en avons encore à signaler quelques-uns dont la place n’était marquée dans aucune des catégories qui précèdent.

Tel est le très élégant volume dont M. Alfred de Lostalot s’est fait l’introducteur, — et le traducteur, — auprès du public français : la Cruche cassée[2], d’Henri de Kleist, une bagatelle, comme l’on dit, mais bagatelle classique en Allemagne, et admirablement illustrée par Adolphe Menzel. Si nous ne suivons pas M. de Lostalot jusqu’au bout

  1. Hetzel, éditeur.
  2. 1 vol. in-4o ; Firmin-Didot.