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1,300,000 à 1,700,000 langoustes, homards ou crabes, et 1,500,000 kilogrammes de crevettes, valant en tout 2,300,000 à 3,000,000 de francs.

La pêche côtière, qui comprend non-seulement celle qui s’exerce le long des côtes, dans les étangs salés et à l’embouchure des fleuves, mais aussi celle du hareng et du maquereau, qui se pratique beaucoup plus au large, jusque sur les côtes d’Ecosse, a employé, en 1881, 21,786 bateaux, jaugeant 108,562 tonneaux, montés par 72,275 hommes, et a produit un total de 68,911,196 francs.


III

Les mollusques sont des animaux à corps mou, sans squelette interne ni carapace externe. Ils comprennent les poulpes, les seiches et tous les coquillages, dont les principaux, au point de vue qui nous occupe, sont les moules et les huîtres.

La moule est très commune sur le littoral de l’océan aussi bien que sur celui de la Méditerranée. La coquille se compose de deux valves triangulaires bombées, entre lesquelles passent des filamens qui forment le pied, ou byssus, avec lequel l’animal peut se fixer sur les corps qu’il rencontre ou se mouvoir sur les fonds par un mouvement alternatif de contraction et de dilatation. La moule est dioïque ; les œufs de la femelle, renfermés dans les membranes qui l’enveloppent, sont fécondés par la laitance que le mâle répand dans l’eau et qui est transportée souvent fort loin. Après une incubation d’environ cinquante jours, les jeunes moules déjà formées s’échappent du nid maternel et se laissent entraîner par les eaux jusqu’à ce qu’elles rencontrent un milieu convenable et un corps solide sur lequel elles puissent se fixer le plus près possible de la surface. Elles sécrètent alors des filamens qui servent à fortifier le byssus et à attacher solidement la coquille, de façon que, dans les mers agitées, elles ne soient pas exposées à être emportées par les flots. Elles restent sur le même point, en bornant leurs fonctions à ouvrir et à fermer les valves pour absorber les animalcules que l’eau leur apporte. La moule vit en société, en agglomérations plus ou moins nombreuses sur les rochers immergés, en bancs sur les fonds de sable vaseux, mais à une profondeur qui ne dépasse pas 4 mètres. Elle est très robuste et vit partout, quoiqu’elle préfère les eaux fortement salées aux eaux saumâtres des étangs de la Méditerranée ; elle ne souffre ni du froid ni de la chaleur et se reproduit avec une merveilleuse facilité. Il en existe un banc considérable de A 5 kilomètres le long de la côte du Calvados, entre Lion-sur-Mer et Isigny ; mais on en trouve d’autres plus ou moins riches sur tout le littoral, où on la pêche au