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le bénéfice fut affecté à l’extinction des billets de monnaies. Dans ce dessein, on permit de porter aux Monnaies 1 sixième en billets à supprimer et 5 sixièmes en espèces anciennes à réformer. Il y avait pour les détenteurs du numéraire plus d’un cinquième de perte réelle sur la refonte et, par conséquent, on ne rendait rien sur la valeur des billets ; cependant l’opération en fit rentrer pour 43 millions, et il n’en resta plus que pour 29 millions en circulation. Cette diminution ne releva pas leur cours : ils continuèrent à perdre 80 pour 100, et on se décida à en interdire la circulation à dater du 1er février 1711. Toutefois, pour que ceux qui les possédaient ne perdissent pas tout, ils purent encore les porter aux Monnaies jusqu’au 1er octobre avec 4 cinquièmes seulement d’espèces anciennes au lieu de 5 sixièmes : ils furent aussi autorisés, en payant moitié en argent et moitié en billets, à les employer en rentes perpétuelles au denier 20, ou en rentes émises en tontine au denier 12 jusqu’au 1er avril 1712, époque à laquelle ils furent « abolis et de nulle valeur. » Ainsi s’éteignirent les billets de monnaies, convertis à des conditions onéreuses, et supprimés plutôt que liquidés.

Les promesses de la caisse des emprunts éprouvèrent d’abord moins de vicissitudes. Elles ne furent pas remboursées à leur échéance, mais on en acquitta régulièrement les intérêts jusqu’au commencement de 1709 : à cette époque, tout paiement, capital et intérêts, cessa jusqu’à la fin de 1710. Les intérêts à 10 pour 100, échus et non payés, furent alors réunis au principal, et, pour l’avenir, il fut décidé que les intérêts réduits à 5 pour 100 seraient payés annuellement jusqu’au remboursement, qu’on ajourna, mais qu’on promit d’effectuer à la paix (Déclaration des 14 octobre et 20 décembre 1710). Pour remplir cet engagement, aussitôt après le traité d’Utrecht (avril 1713), le remboursement fut prescrit à raison de 500,000 livres par mois (6 millions par an) et par voie de tirage au sort des effets qui seraient remboursés. Mais on assure qu’en même temps, pour se procurer les fonds nécessaires et aussi afin de pourvoir aux dépenses courantes, on émit secrètement et à des conditions onéreuses, pour une somme importante (plus de 21 millions), de nouvelles promesses, qu’on parvint à déguiser pour qu’elles se confondissent avec les anciennes. Cette émission clandestine n’était pas de nature à relever les cours. La situation embarrassée du trésor et le discrédit de toutes les valeurs ne permettaient d’ailleurs de prendre aucune mesure utile et durable. Après avoir prescrit le remboursement des promesses par la voie du tirage au sort, il parut préférable que tous les porteurs fussent remboursés, sans distinction, par portions égales, à raison d’un vingtième par an, avec paiement des intérêts à 5 pour 100