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LA
CHARITE PRIVEE
A PARIS

V.[1]
L’ŒUVRE DES JEUNES POITRINAIRES.


I. — LES PREMIÈRES ÉTAPES.

Dans le beau et savant livre qu’il vient de publier sur la Chevalerie, M. Léon Gautier a réduit à dix commandemens le code des barons qui cherchaient aventure, sonnaient du cor à Roncevaux, fondaient des royaumes et combattaient les Sarrasins. Au troisième commandement je lis : « Tu auras le respect de toutes les faiblesses et t’en constitueras le défenseur. » Ce mot d’ordre n’est point devenu lettre morte, lorsque la chevalerie disparut. Il a été recueilli par les groupes religieux, et pour plus d’un il est la loi. Les Petites-Sœurs des Pauvres, les frères de Saint-Jean-de-Dieu, les Dames du Calvaire, sans le savoir peut-être, en ont fait la vivante devise qui les guide dans leur œuvre de commisération et de salut. Ces familles composées d’êtres isolés, réunis dans un dessein charitable, « respectent toutes les faiblesses » et les protègent, comme faisait le chevalier d’autrefois qui voulait rester fidèle à sa règle. Non-seulement

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 mai, du 1er juillet et du 1er août 1883.