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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




la tragédie de racine




Racine, par M. Émile Deschanel. Paris, 1884 ; Calmann Lévy.


Il n’y a guère plus d’un an que nous discutions ici même le livre ingénieux de M. Émile Deschanel sur le Romantisme des classiques[1]. Les deux volumes que voici, tout entiers consacrés à Racine, continuent la démonstration du brillant paradoxe que le professeur avait entrepris d’établir. Nous avons dit pourquoi, selon nous, le paradoxe ne cesserait pas d’en être un, et pourquoi la démonstration en serait, à nos yeux, toujours plus spécieuse que solide. C’est qu’il n’est pas au pouvoir de M. Deschanel de changer la signification des mots. L’auteur d’Andromaque et de Phèdre ne sera jamais un romantique tant que l’auteur de Tragaldabas continuera d’en être un, et si le Roi s’amuse doit un jour devenir classique, il faudra que Bérénice et Britannicus aient d’abord cessé de l’être. Aussi bien, puisque M. Deschanel est convenu lui-même « que sa petite thèse du romantisme des classiques était moins une théorie proprement dite qu’un cadre dans lequel il essaierait de présenter sous un jour un peu nouveau les plus grands et les plus beaux écrivains de la littérature française, » il serait aussi disgracieux qu’inutile d’insister. Négligeant la thèse, et croyant l’avoir peut-être suffisamment examinée, prenons donc aujourd’hui ces deux volumes pour ce qu’ils sont : une étude de plus sur le théâtre de Racine, une étude consciencieuse, toujours spirituelle, facile à lire, et en plus d’un point neuve.

  1. Voyez la Revue du 15 janvier 1883.