Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 62.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
RESTAURATION
EN 1672

LE RÉTABLISSEMENT DU STATHOUDÉRAT EN HOLLANDE.

La république des Provinces-Unies s’était personnifiée et en quelque sorte incarnée dans la maison d’Orange, à laquelle elle était redevable de son indépendance conquise sur l’Espagne. Elle avait eu à son service une dynastie de princes patriotes et populaires : Guillaume le Taciturne, Maurice, Frédéric-Henri, l’avaient tour à tour affranchie et gouvernée, en exerçant comme stathouders le pouvoir civil, partagé avec les états des provinces, et en recevant de l’assemblée de la confédération, les états-généraux, le pouvoir militaire de capitaine-général. Mais l’ambition de Guillaume II avait mis à l’épreuve la fidélité d’une nation reconnaissante ; sa tentative de coup d’état manquée, suivie de sa mort prématurée, avait empêché que la succession de ses charges ne passât à son dernier descendant. Exploitant habilement les défiances qu’il avait suscitées, le parti républicain, représenté par la bourgeoisie hollandaise, mit à profit ; la minorité de son fils pour tenir à l’écart du pouvoir le jeune prince qui devait être un jour Guillaume III, et auquel de si grandes destinées étaient réservées. Cet interrègne du stathoudérat durait depuis vingt ans, et le gouvernement d’un grand ministre, le