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efforts, cette fois, ont été stériles, et les primes, — fait assez rare, — seront levées presque en totalité.

Ce résultat a été obtenu sans qu’on ait pu constater à aucun moment l’intervention d’une spéculation puissante et active à la hausse. C’est aux capitaux de placement que revient à peu près exclusivement l’honneur de ce relèvement de notre crédit. Si les transactions, en effet, sont toujours fort restreintes sur le marché des opérations à terme, on doit tenir pour très satisfaisante l’attitude du marché au comptant. L’argent vient maintenant à la Bourse et ne se renferme plus, comme il y a quelques mois, dans une abstention ombrageuse. Mais il ne vient pas pour acheter au hasard toutes les valeurs que les établissemens, détenteurs de papiers depuis trop longtemps emmagasinés, pourraient lui offrir. Il ne se porte volontiers que sur quelques catégories de titres, inscriptions de rentes françaises, obligations et actions des compagnies de chemins de fer, du Crédit foncier, du Gaz. Hors de là, sa défiance subsiste tout entière, et le temps pourra seul en avoir raison.

Si nous comparons les derniers cours d’hier avec ceux du milieu et du commencement du mois, nous constatons sur chacune de nos rentes la progression suivante : 4 1/2 pour 100, 65 centimes depuis le 15; 1 fr, 15 depuis le 1er; 3 pour 100, 45 et 67 centimes; Amortissable ancien, 40 et 55 centimes; Amortissable nouveau, 40 et 60 centimes.

L’action du Chemin de fer de Lyon a monté, en mars, de 12 francs, l’action du Midi, de 46 francs, et celle de l’Orléans, de 28 francs. L’action du Nord seule a baissé de 10 francs. La plus-value est de 25 à 30 francs sur le Crédit foncier. Le Gaz a été porté de 1,410 à 1,440 francs du1er au 15 mars et de 1,440 à 1,480 francs pendant la seconde partie du mois. La plus-value en mars, sur presque toutes les catégories de nos obligations de chemins de fer garanties par l’état, a été de 4 à 5 francs. Cette excellente tenue de nos valeurs de premier ordre a été favorisée en mars par quelques incidens politiques dont la spéculation, en d’autre temps, n’eût pas manqué d’exploiter l’heureuse influence; il vaut peut-être mieux pour l’instant que l’action de l’épargne seule se soit exercée sur notre marché.

La prise de Bac-Ninh a pour un temps calmé toutes les appréhensions que pouvait causer l’expédition du Tonkin. Le gouvernement chinois paraît moins que jamais disposé à nous faire la guerre. Il n’y a donc pas à redouter une extension dangereuse des hostilités. Cependant on ne peut songer de longtemps à diminuer l’effectif du corps expéditionnaire; il faut que le marché s’attende à voir le cabinet présenter prochainement à la chambre une nouvelle demande de crédits pour la poursuite de notre entreprise dans l’extrême Orient. La demande sera, dit-on, déposée après les vacances de Pâques.

La chambre a nommé, il y a peu de jours, la commission chargée de l’examen du projet de budget pour 1885. Tous les candidats, dans