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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/180

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mène de ce qu’il paraissait avoir de mystérieux. Ce n’était suivant lui qu’une exagération de circonstances très ordinaires. Comme il y a des années chaudes ou froides, sèches ou pluvieuses, de même il y a des crépuscules courts ou longs, ce sont de simples modifications de la faculté diffusante, résultant de ces mille variations si fréquentes dans l’allure du temps ; il n’y a pas de quoi crier au miracle, chercher des causes extraordinaires, faire intervenir le ciel avec les volcans : tout s’explique en remarquant que la pression était très élevée, la vapeur plus abondante qu’à l’ordinaire, et qu’elle s’élevait plus haut. À la tombée de la nuit, elle se condensait par le refroidissement, formait des stratus fort élevés et le reste s’ensuivait. À cela on peut répondre que même les accidens ont une cause, qu’il est de notre devoir de la chercher, et quand ils se rencontrent au même moment sur la terre tout entière, on doit admettre qu’ils répondent à un état général et rare, que le hasard, cette explication de l’ignorance, ne suffit pas à les justifier. Il en faut chercher l’origine dans les bouleversemens qui, de temps à autre, troublent l’équilibre du monde. Nous croyons donc qu’il est nécessaire d’admettre un envahissement subit par des poussières ; la seule question qui reste à résoudre est de savoir d’où elles venaient, si elles tombaient du ciel ou bien si une force intérieure les avait lancées depuis la terre jusqu’aux limites de son attraction ; de là deux théories : l’une cosmique, l’autre volcanique.

La théorie cosmique est une hypothèse très défendable. Rien ne la contredit, mais rien ne la démontre. C’est peut-être la vérité, ce n’est peut-être qu’un ingénieux roman. Voici en quoi elle consiste. Le système solaire n’est pas sans relations matérielles avec les autres mondes ; l’espace n’est point absolument vide : M. Schwedof soutient qu’il est plein. Il est certain que, deux fois par année au moins, la terre coupe la route suivie par des anneaux d’étoiles filantes, que M. Nordenskiöld a trouvé sur la neige des contrées polaires une poussière noire qui a la composition des aérolithes, qu’on voit souvent des brouillards secs qui pourraient bien n’avoir pas une origine terrestre, que la queue des comètes contient de l’hydrogène carboné, que nous courons dans l’espace vers une destination peu connue et que nous sommes exposés à rencontrer dans le chemin ou de l’eau, ou des gaz combustibles, ou quelque petite nébulosité qui serait capable de nous noyer ou de nous brûler, deux mésaventures également possibles, également redoutables. On dit que nous avons subi la première, un déluge ; la deuxième, qui serait un incendie, vient d’arriver à l’étoile α de la Couronne boréale. C’est une étoile de sixième grandeur qui prit tout à coup un éclat inaccoutumé, elle brûlait. Le spectroscope fit recon-