combinaisons de socialisme d’état, à ces affaires religieuses qui paraissent toujours près d’être réglées et ne le sont jamais.
Ce que veut le chancelier allemand, il le veut avec opiniâtreté dans les affaires intérieures comme dans les affaires extérieures, et il n’est certes pas homme à s’arrêter devant les résistances qu’on lui oppose, à incliner humblement sa politique devant les partis. Que veut-il réellement ? Il ne l’a jamais caché, il vient de le répéter encore une fois : il a visiblement depuis quelques années la préoccupation fixe de réduire à l’impuissance le socialisme, et il met à cette œuvre l’orgueil d’un chef d’état convaincu, non sans raison, que toutes les agitations révolutionnaires ne peuvent que compromettre l’Allemagne qu’il a transformée ou créée par son génie. Il entend rester armé de moyens exceptionnels de répression contre les agitateurs ; mais en même temps, avec une série de lois sur les assurances, sur les retraites, sur les conditions du travail, il veut prouver aux masses laborieuses, aux ouvriers, que l’état seul, représenté par la monarchie des Hohenzollern, peut leur assurer les avantages, les garanties, la protection que les agitateurs leur promettent vainement. Ce que sera ce socialisme d’état imaginé par M. de Bismarck comme un moyen de règne, on ne le voit pas bien : il est sûrement mêlé de beaucoup d’illusions, il promet lui-même plus qu’il ne pourra tenir, et dans tous les cas, ce n’est qu’avec le temps qu’on pourra obtenir du parlement le vote de tous ces projets proposés avec plus d’obstination que de succès jusqu’ici par le chancelier. Pour le moment, il s’agit avant tout d’aller au plus pressé, de maintenir les pouvoirs extraordinaires de police et de répression administrative que le gouvernement s’est fait accorder. C’est là précisément l’objet d’une loi d’exception temporaire qui a été votée il y a quelques années, en 1878, qui allait expirer prochainement et dont les ministres de l’empereur Guillaume se sont empressés de demander la prorogation pour deux ans encore. Ce n’était pas facile d’obtenir cette prorogation, de vaincre la résistance des partis plus ou moins opposés, ou du moins disposés à faire acheter leur appui, à réclamer des garanties. La commission parlementaire qui avait été nommée avait commencé par rejeter un certain nombre d’amendemens proposés par un des chefs du centre catholique, M. Windthorst, et elle avait fini par se prononcer contre la loi tout entière. C’est donc dans des conditions assez défavorables que s’est ouverte, il y a peu de jours, devant le Reichstag une discussion des plus animées où M. de Bismarck lui-même, sorti récemment de sa retraite, a senti le besoin de prêter main forte à ses collègues du ministère, à M. de Puttkamer, en portant dans ces débats le poids de sa volonté et de son autorité.
La présence du chancelier n’était pas de trop. La loi en effet rencontrait une opposition des plus vives dans une partie du centre catho-