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Berlin et Amsterdam des rentes 5 pour 100 pour un montant de 375 millions de francs ; les demandes ont dépassé quinze fois ce montant. Dans le même moment, la Compagnie des chemins de fer de Madrid à Saragosse a proposé au public français cent mille obligations à 312 fr., en promettant de servir par préférence les souscriptions en titres complètement libérés. Il a été demandé plus d’un million de titres libérés ; aujourd’hui, ces nouveaux titres sont recherchés à 325 francs.

Le projet de conversion de la dette anglaise a été le point de départ de l’enlèvement de nos deux 3 pour 100, moins à cause des arbitrages que l’on a pu prévoir entre les fonds des deux pays que par suite de la situation nouvelle résultant de l’annonce seule du projet. Il ne faut pas perdre de vue que le fonds de l’avenir en Angleterre est le 2 1/2 pour 100. Or ce 2 1/2 a monté de 91 à 93 depuis moins de quinze jours. C’est en fixant les yeux sur ces cours que la spéculation a cru qu’il y avait opportunité à modifier les prix de nos deux 3 pour 100.

L’Italien a monté plus encore que nos rentes ; de 95, il a passé brusquement à 97, et l’on prévoit que ce fonds d’état ne tardera pas à se coter au pair. La situation financière de l’Italie est bonne et deviendra meilleure encore si les projets pour l’exploitation des chemins de fer sont adoptés. D’après les conventions qui viennent d’être soumises par le ministère italien à l’examen du parlement, tous les chemins de fer, répartis en deux réseaux, seraient mis en fermage. Le réseau de l’Adriatique serait administré par la Compagnie des chemins méridionaux, celui de la Méditerranée par une société où entreraient des élémens étrangers, surtout des élémens germaniques. Les sociétés fermières prélèveraient sur les recettes brutes 62 1/2 pour 100 comme frais d’exploitation ; 10 pour 100 seraient consacrés aux réparations ; le reste irait au Trésor, qui de ce chef toucherait environ 55 millions par an, sans compter une somme de 250 millions qui lui serait versée immédiatement pour le paiement du matériel cédé aux compagnies nouvelles.

Les fonds russes ont conservé les cours en hausse atteints depuis peu, bien que l’on puisse signaler une légère réaction depuis l’emprunt. Le nouveau 5 pour 100 russe s’est négocié cette semaine sur le marché libre de Paris entre 91 et 92. On continue à ne s’occuper plus que très peu sur notre place des fonds autrichiens et hongrois. La rente espagnole n’a pas subi de fluctuations importantes, malgré les nouvelles peu favorables transmises sur l’état du pays au moment des élections. L’avortement complet des projets annoncés d’insurrection n’a pas ranimé la spéculation. Les valeurs turques ont été affectées par de nouveaux bruits concernant l’opération d’échange de titres, improprement appelée la conversion, et dont les baissiers se servent habilement comme d’un épouvantail. La Banque ottomane a été lourde sur la nouvelle, qui paraît sérieuse, de la fixation à 25 fr. du dividende pour 1883. Il est à noter que les bénéfices ayant pu