de répondre et de s’engager, en invoquant le secret des négociations, l’intérêt public, en promettant d’ailleurs que tout ce qui serait conclu avec la France serait aussitôt soumis au parlement, et il est maintenant hors d’embarras, au moins pour quelques jours, à la faveur des vacances traditionnelles de la Pentecôte; il est, dans tous les cas, à l’abri des interpellations jusqu’au 9 juin. La situation cependant ne laisse pas d’être critique pour le cabinet menacé par une opposition qui redouble d’ardeur, qui puise dans les circonstances, dans les excitations de l’opinion une certaine force et qui, plus que jamais, serre ses rangs. Depuis quelque temps, en effet, il y avait parmi les conservateurs des divisions nées d’une mésintelligence assez vive entre les chefs reconnus du parti, lord Salisbury, sir Stafford Northcote et un jeune leader dissident du torysme, lord Randolph Churchill. Ces divisions ont cessé, un rapprochement vient de s’accomplir entre tous les chefs du torysme. Les conservateurs organisent manifestement leurs forces pour l’éventualité d’une dissolution si M. Gladstone se décidait à en appeler au pays, et, avant tout, ils se préparent à profiter de ces complications égyptiennes pour recommencer le combat, la guerre des interpellations dans quelques jours. Ils attendent le ministère à la première communication sur l’Egypte, à la première séance après les vacances, et ils se flattent, non peut-être sans quelque raison, de trouver des alliés même parmi les libéraux mécontens de la politique de M. Gladstone et de lord Granville : de sorte que la réunion de la conférence, qui dépend déjà des négociations avec la France, reste de plus à la merci des incidens de discussion qui peuvent se produire d’ici à peu dans le parlement britannique.
La vie constitutionnelle a repris son cours un peu interrompu depuis quelque temps par la dissolution des cortès en Espagne. Après les élections qui se sont faites le mois dernier, qui ont assuré au ministère conservateur de M. Canovas del Castillo une grande majorité dans le sénat comme dans le congrès, la session vient de s’ouvrir. Les nouvelles cortès se sont réunies il y a quelques jours à Madrid, et le roi Alphonse XII a inauguré leurs travaux par un discours où il a exposé à grands traits la politique que son ministère se propose de suivre. A vrai dire, ces discours royaux se ressemblent tous un peu. Celui du roi Alphonse prodigue les meilleures assurances sur les intentions toutes pacifiques du cabinet de Madrid, sur la cordialité des relations de l’Espagne avec toutes les puissances indistinctement. Le jeune souverain espagnol fait dans son discours une exception flatteuse en faveur du pape, qu’il nomme au premier rang, puis en faveur de l’Allemagne, qui l’a si bien accueilli l’an dernier, et il se plaît à annoncer qu’en signe d’amitié les deux souverains d’Allemagne et d’Espagne se feront désormais représenter dans leurs capitales respectives par des ambassadeurs.