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exploitantes, mais, pour le calcul des distances, les deux réseaux devront être considérés comme n’en faisant qu’un seul. Il est fait une large application des tarifs décroissans, mais avec le correctif de la division en zones, comme en Belgique. Le gouvernement aura le droit de décréter des réductions de tarifs sur les denrées alimentaires en temps de disette et sans compensation ; mais lorsque les réductions imposées auront pour but de faciliter l’exportation de certaines marchandises, l’exploitant devra être indemnisé des pertes qui en résulteraient pour lui. Les sociétés auront la faculté de faire des réductions à titre d’essais, mais elles ne pourront rétablir les anciens prix qu’après une année révolue. Des règles nouvelles et plus favorables pour le public sont établies relativement aux billets d’aller et retour, aux voyages circulaires et aux abonnemens, dont les prix seront les mêmes que ceux des compagnies françaises ; enfin la taxe sur les voyageurs sera réduite de 13 à 2 pour 100 pour les trains de banlieue et autres trains à courte distance, qui ont pour clientèle les ouvriers et les paysans. Quant à la répartition des marchandises en huit classes, à la tarification générale et à l’établissement de nombreux tarifs spéciaux, M. Genala a adopté le résultat des études faites sous l’administration de son prédécesseur. Ces tarifs, aussi bien que les règlemens de service et le cahier des charges tout entier, fourniront aux hommes spéciaux le sujet d’intéressantes comparaisons qui ne sauraient trouver ici leur place.

Il nous paraît superflu d’indiquer en quoi le projet de M. Genala diffère des conventions élaborées par M. Depretis, bien qu’à première vue on soit plus frappé des analogies que des dissemblances. Ce projet a sur celui de M. Baccarini l’avantage de résoudre du même coup toutes les questions qui peuvent être soulevées au sujet des chemins de fer. Il règle la construction et l’exploitation des lignes nouvelles en même temps que l’exploitation des lignes anciennes. Il assure la réfection de ces dernières et il fournit immédiatement au gouvernement 117 millions pour les travaux neufs, en attendant que les compagnies puissent se mettre à l’œuvre. Enfin il procure au budget une recette minima de 58 millions, destinée à s’accroître progressivement, et qui permettra au gouvernement d’emprunter, car l’intermédiaire des compagnies, à mesure de l’avancement des travaux, les 2 milliards environ auxquels on évalue la dépense de construction des lignes classées par la loi de 1879. Les avantages du projet pour le gouvernement ne sont pas discutables ; mais le ministre ne dispense-t-il pas aux compagnies d’une main trop parcimonieuse, les profits du présent et les espérances de l’avenir ? La perspective d’un revenu élevé peut seule attirer les capitaux vers une entreprise aléatoire ; cette perspective n’est-elle