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Paris-Lyon-Méditerranée et les chemins de fer de la Suisse centrale et occidentale, qui permet de transporter à prix réduit, par wagons de 10 tonnes, le blé, les céréales, les farines, les légumes secs, les graines oléagineuses ou autres. C’est ce tarif, connu sous le nom de tarif commun de transit no 442, dont le conseil fédéral, à Berne, par sa décision du 19 novembre 1882, sans doute pour obéir aux suggestions de l’Allemagne, avait interdit l’application à partir du 15 février 1883. Heureusement que les réclamations furent si pressantes, notamment de la part de la chambre de commerce de Marseille, soutenue parle gouvernement français, que la décision du conseil fédéral fut rapportée le 13 février 1882, deux jours avant la date fatale, et alors il fut décidé qu’entre le chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée et les chemins de fer de la Suisse occidentale et Simplon, de Jura-Berne-Lucerne, Central-Suisse, Nord-Est-Suisse, etc., un nouveau tarif commun de transit, via Genève, prendrait date à partir du 15 mai 1883, abaissant au minimum le prix de transport des céréales et autres grains entre Marseille et les principaux centres commerciaux de la Suisse, de manière à équilibrer les conditions de la lutte pour le trafic et le transit entre Marseille, Gênes et Anvers, par suite de l’ouverture du Saint-Gothard. Ce nouveau tarif porte le nom de tarif commun de transit no 445 bis, et il y est dit que, par wagon de 10 tonnes, le blé, le riz, toutes les céréales, les légumes secs, de Marseille à Berne, paieront 32 fr. 50 la tonne, dont 2 fr. 50 pour les docks de Marseille, 20 francs pour la ligne de Paris-Lyon-Méditerranée et 10 francs pour les chemins de fer suisses. D’Anvers à Berne, c’est plus cher : 35 fr. 50, et de Gênes à Berne, par le Saint-Gothard, 32 fr. 90. De Marseille à Bâle, c’est 29 fr. 80 pour 767 kilomètres ; de Marseille à Zug, 30 fr. 87 ; à Soleure, 31 fr. 94 ; à Zurich, 32 fr. 49 ; à Winterthur, 33 fr. 38 ; à Romanshorn, sur le lac de Constance, 34 fr. 97.

Par le tarif no 451 (qui doit être à cette heure homologué), les vins en fût paieront, de Marseille ou de Cette à Bâle, 4l francs par wagon de 5 tonnes et 37 francs par wagon de 10 tonnes. À ce compte, Marseille et Cette pourront toujours lutter avec les ports concurrens du Nord, tels qu’Anvers, pour l’alimentation de la Suisse et même de l’Allemagne occidentale et méridionale, et avec les ports concurrens du Sud, tels que Gênes, venant par le Saint-Gothard aux mêmes marchés, et l’on ne verra plus ce qui a déjà été vu malheureusement en 1882, où un navire qui était d’abord venu à Marseille chargé de blé, recevait ensuite l’ordre de relever pour Gênes, tandis qu’un autre navire était de même réexpédié de Marseille à Gênes pour y livrer des laines vendues et destinées à une filature de Munich, lesquelles avaient dû d’abord transiter par Marseille.