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et un coup d’œil étonnans ; mais on avait pour soi, il faut bien le reconnaître, l’expérience des deux précédens grands tunnels, celui du Mont-Cenis et celui du Gothard.

Le chemin de fer de l’Arlberg unit Inspruck à Bludenz par le col de l’Arlberg. Cette chaîne de montagnes sépare le bassin du Danube de celui du Rhin, et, à Bludenz, le chemin de fer se joint aux chemins suisses qui vont à Zurich et au lac de Constance, à Bregenz, à Romanshorn. Le chemin de fer de l’Arlberg comprend : 1° une ligne en plaine, d’Inspruck à Landeck, qui remonte la vallée de l’Inn et mesure 72 kilomètres ; elle a été ouverte le 1er juillet 1883 ; 2° une ligne de montagnes qui va de Landeck à Saint-Antoine, de construction assez difficile, comprenant une série de petits tunnels, dont quelques-uns sont tournans, de viaducs, d’aqueducs, de ponts, d’abris contre la neige et les avalanches, de murs de soutènement contre les poussées du terrain ; 3° le tunnel de l’Arlberg, qui va de Saint-Antoine à Langen et mesure 10,266 mètres ; 4° enfin, une autre ligne de montagnes qui va de Langen à Bludenz et qui mesure, avec la première, une longueur totale de 65 kilomètres, ce qui donne, pour le développement total de la ligne de l’Arlberg, 147 kilomètres, y compris le tunnel.

C’est le 13 novembre 1880 que la perforation mécanique a été mise en train au tunnel de l’Arlberg, et c’est le 13 novembre 1883, trois ans après jour pour jour, que la communication s’est faite. L’avancement journalier a été moyennement de 8m,30, plus de « mètres de chaque côté, et l’on a fait jusqu’à 10 mètres par jour au mois de janvier 1883. Cet avancement représente plus du triple de celui du Mont-Cenis et moitié en plus de celui du Gothard. Le Gothard est d’ailleurs d’un tiers plus long que l’Arlberg et le Mont-Cenis d’un cinquième. Le seuil du tunnel de l’Arlberg est légèrement bombé. Il s’incline de part et d’autre, à partir du milieu, dont l’altitude est de 1,310 mètres, celle du col de l’Arlberg étant d’ailleurs de 1,797 mètres. A l’entrée du tunnel, sur le versant du Tyrol, ou côté est, l’altitude est de 1,302 mètres, et, à la sortie, sur le versant suisse, ou côté ouest, elle est de 1,215 mètres. Sur une section du tunnel, la pente va jusqu’à 28 millièmes. La rencontre ne s’est pas faite au milieu du tunnel, mais au-delà, du côté ouest, l’avancement ayant toujours été plus rapide du côté est, où le terrain était meilleur et les machines mieux installées et d’un meilleur système. La longueur totale mesurée du tunnel a été de 4 mètres moindre que celle qui avait été déterminée par le calcul, soit 10,266 mètres au lieu de 10,270. En tenant compte des dates extrêmes pour la durée de percement des trois grands tunnels, on voit que le Mont-Cenis a été percé en treize ans et quatre mois, le